C’est un livre étrange, comme le sont les romans de Faulkner, où la forme du récit égrène les fausses pistes au cours d’une quête d’un père (Pedro Paramo) digne des pires brutes de western. Il y a un narrateur principal, Juan Preciado, celui qui est parti à la recherche de ce père mythique, suite à une promesse faite à sa mère sur son lit de mort, mais bien d’autres narrateurs apparaissent au fil des pages, où le passé, le présent et l’avenir se mêlent indistinctement, de même que la mort et la vie. Au milieu du récit, le narrateur se retrouve ainsi six pieds sous terre, à dialoguer avec les autres morts du village de Comala pour poursuivre son enquête sur son père disparu ; cette petite dose de surnaturel, mi-comique, mi-morbide, m’a finalement fait repenser aux très bons moments que je passais enfant à lire les aventures du Petit Vampire – le rapprochement est certainement sacrilège du point de vue littéraire, mais quel délicieux et terrifiant plaisir !