Après un drame personnel, Jim Stegner, peintre en vogue, est venu s'installer dans une petite ville du Colorado. Il espère ainsi se couper du monde et se dédier entièrement à ses deux passions : la peinture et la pêche. Un matin, alors qu'il part pêcher, il croise deux brutes maltraitant une jument. Son sang ne fait qu'un tour, il intervient sur-le-champ, avec rage. Sans savoir qu'il s'en prend à l'un des hommes les plus dangereux des environs. Cet incident anecdotique, est pour lui le début d'une descente aux Enfers.
On suit ici Jim Stegner, un homme à la fois simple et complexe. D'un côté, il aimerait vivre en paix et en harmonie avec la nature, loin des hommes et de la rage du monde. Vivre de sa peinture, de la pêche, d'un bon feu… au fond, un rien lui suffit tant qu'on le laisse en paix. Mais d'un autre côté, ce même Jim Stegner est un faux-calme, habité par une colère permanente face à la folie et la bêtise humaine. C'est un impulsif qu'un rien peu faire déraper : une discussion vaseuse dans un bar, une interview hypocrite et condescendante, une jument frappée sans raison…
Cette violence qui l'habite a longtemps était démultipliée par la boisson, aussi, ça fait plusieurs années que Jim fait tout pour ne plus boire. Pour étouffer cette rage, la contrôler, la refouler. Parce qu'à chaque fois il se retrouve dans des situations impossibles qui sont déjà allées jusqu'à quelques mois de prison pour avoir tiré sur un homme à bout portant, dans un bar. Un homme ambigu donc qui ne rêve que de paix et d'oisiveté mais qui lui-même se laisse facilement aller à la violence face à une situation qu'il juge injuste ou cruelle.
Le roman est raconté du point de vue de Jim et l'on retrouve bien sa personnalité dans le style. La narration est maitrisée de bout en bout ; on se perd dans des passages très contemplatifs et poétiques de cette nature sauvage, omniprésente, de l'Ouest Américain lorsque tout à coup, la narration est coupée par de l'action, par un enchainement de scènes rapides, brutales et violentes. Un rythme parfait qui nous emporte, nous transporte, nous affole et nous relâche.
Peindre, pêcher & laisser mourir est un roman magnifique qui n'est pas sans rappeler du David Vann ou Richard Wagamese. Un récit qui prend aux tripes et qu'on ne lâche pas. Un auteur à lire. Définitivement.
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