Saint-Augustin pensait qu'on ne pouvait accéder au Salut autrement que par la grâce divine. Autrement dit, c'est Dieu qui choisit (même si en réalité y'a de la nuance à faire, car le cœur du croyant doit être incliné vers Dieu sinon ça marche pas, une sorte de destin qui dit pas trop son nom) . C'est une position très orthodoxe dans le catholicisme, jusqu'à ce que Jansen, évêques d'Ypres, décide de réaffirmer ces principes dans un bouquin intitulé Augustinus (1640). Là, tollé chez les Jésuites qui y voient une attaque contre le sacro-saint libre arbitre, pour eux, Jansen ne serait qu'un crypto-calviniste, fataliste (alors qu'on l'a dit, la position de Saint-Augustin sur la grâce faisait quand même consensus dans l'Eglise catholique).
Molina, un jésuite vénère de l'université de Salamanque avait déjà écrit en 1588 un bouquin appelé Concordia liberi arbitrio cum gratiae donis, qui comme son titre l'indique essaie de concilier libre-arbitre et grâce divine, en mettant l'action sur la liberté (comme un certain Pélage, le nemesis de Saint-Augustin au IVe siècle). Le(s) pape(s), conseillé(s) par les Jésuites, et se lâche(nt) en menaces contre les jansénistes qu'il vise(nt) à travers plusieurs bulles. Bref, c'est la merde pour les Jansénistes, dont fait partie Pascal.
Ce qui fait que les trois-quarts du livre sont des attaques contre les Jésuites et de la justification de la doctrine de la grâce et des miracles (avec des arguments bibliques et la masse de citations de l'ancien testament). Ce qui explique pour moi le 7 (et pas une meilleure note, car parfois c'est un peu chiant de lire des citations bibliques sur 35 pages pour justifier le fait que sa nièce ait été sauvée par miracle)
Mis à part ça, c'est excellent, surtout pour les passages les plus connus, le divertissement, le pari, la petite vérole (sur l'amour et le fait qu'il soit toujours conditionnel et attaché à des conditions extérieures), et surtout notes très intéressantes qui mettent en lumière tout ce que Pascal doit à Montaigne dans ses réflexions.