Je me dépêche d'écrire cette critique, car je doute de garder beaucoup de souvenirs de ce bouquin dans les mois qui viennent...
Un narrateur – dont nous ne connaissons pas le nom – évolue avec fierté au sein de l'Institution, vaste organisme international ayant en charge la gestion des relations entre les pays, sorte d'ONU tout-puissant. Le narrateur y est résumain, à savoir rapporteur de conférences qu'il se doit de retranscrire avec autant d'objectivité que possible. Dans ce futur glauque, toute fiction a disparu au profit des informations et documentaires s'attachant à décrire le réel uniquement. La fiction, l'imaginaire sont dénigrés, vus comme l'apanage d'esprits faibles si ce n'est dévoyés.
Or, voilà qu'un collaborateur de notre narrateur vient lui lire de la fiction. A., puisque nous n'en connaitrons que l'initiale, est entré au sein de l'Institution pour mettre la main sur une bibliothèque défendue de romans, et conserve avec lui un opus de ce genre dont il se fait le sauveur. Le narrateur, aux prises avec l'imaginaire, se retrouve bien entendu happé et profondément bouleversé par A. et le roman que ce dernier lui lit, au point de ne plus pouvoir faire son taf avec toute l'objectivité que l'Institution attend de lui.
Le synopsis aurait plu être intéressant, mais il ne se passe au final pas grand-chose dans ce petit roman. Les évolutions du narrateur sont avant tout perceptibles dans le changement de style du récit, au vocabulaire de plus en plus riche et à la syntaxe de plus en plus fournie. Comme dans beaucoup de SF, la critique de notre société est sous-jacente au récit, mais l'auteur ne choisit pas pour autant de développer cet axe, et se centre sur son narrateur dans un journal très introspectif. On y trouve toutes les tares du roman français, qui délaisse un bon récit au profit d'un nombrilisme agaçant. Dommage !