Un voyage dans l’Amérique des années 1890 à 1910, un voyage au milieu des voleurs et des vagabonds. Un voyage clandestin dans les trains de marchandise, une vie sur les routes poussiéreuses de l’ouest, une vie de larcins, de repas frugaux partagés avec des compagnons d’infortune devant un feu de camp, de nuits passées à la belle étoile ou dans des pensions crasseuses. Une vie d’alcool, de violence et d’opium.
Jack Black a mené cette vie d’errance, entrecoupée de nombreux passages derrière les barreaux. Né en 1871, il a connu les saloons, les prostituées, les joueurs de poker à la gâchette facile. Surtout, il a suivi la trace des hobos sur les chemins de traverse d’un pays sortant à peine de la sauvagerie du Far West. Devenu cambrioleur puis opiomane, il côtoie des perceurs de coffres, enchaîne les bons et les mauvais coups, est condamné à 25 ans de pénitencier, s’évade plusieurs fois, subit en prison l’épreuve du fouet et de la camisole de force, les passages à tabac et les privations. En 1916, on lui tire une balle dans le ventre à bout portant. Il s’en sort miraculeusement et profite de sa convalescence pour coucher sur le papier son parcours sinueux.
Personne ne gagne n’est donc pas une fiction. C’est une autobiographie, un témoignage sur une époque depuis longtemps révolue. Jack Black est un bourlingueur touché par « la malédiction du sang nomade ». Un cambrioleur itinérant fréquentant une faune interlope traversée par une même philosophie basée sur le respect de la parole donnée et une inébranlable solidarité.
Un récit sans temps mort où les événements s’enchaînent à une vitesse folle, qui ne brille certes pas par son écriture sans grand relief et peut paraître parfois répétitif (cambriolage – arrestation – jugement – prison - remise en liberté – cambriolage – arrestation – jugement - prison, etc.) mais reste au final un fabuleux regard porté sur un univers de marginaux, camés, putains, rebelles, assassins, voleurs ou arnaqueurs qui représentent la face sombre de l’Amérique à l’aube du 20ème siècle.