Vous cherchez un bon roman de cowboys ?
Ou plutôt : vous voulez un bon bouquin ?
Parce que j’en ai trouvé un ! YOUPI
Personne ne gagne nous raconte l’histoire de Jack Black, un cambrioleur devenu reporter (pour faire court, parce que ce serait vraiment dommage de faire un récit détaillé de l’histoire !). On le suit de son enfance à la fin de sa carrière de bandit de 1890 à 1910 à peu près. On est immergé dans la poussière et la chaleur quand il va au sud, dans le grand froid quand il passe au Canada, on plonge et on le suit. Il y a un véritable plaisir à errer sur les route et dans les trains.
On traine avec lui dans les prisons, pénitenciers, on rencontre bons et mauvais flics, mauvais traitements et rudesse des hommes. Passages aussi sombres que ceux sur la route sont solaires et heureux.
Je ne suis pas particulièrement familière de cet univers de bandits, je n’ai jamais été fan de western ni particulièrement intéressée par la littérature américaine.
Pourtant la lucidité du héros m’a beaucoup touchée il le dit lui même ce n’est pas une bonne idée. C’est même plutôt l’enfer comme vie, et ça ne va pas aller en s’arrangeant. C’est atrocement dur et violent, mais c’était SON choix, et ce sont ses décisions qu’il nous raconte.
Le tout enrobé dans une plume honnête, parfois un peu crue, mais prenante, simple et fluide. On voit bien ce qui l’entoure : on est dans sa tête pour visualiser ses souvenirs (qu’il est conscient d’avoir modifié avec le temps). L’introspection est excellente !
Ce roman est quasiment dépourvu de femmes, la seule qui a un véritable rôle est Mary, elle est forte, droite et juste. Elle assure et sauve la peau des uns et des autres : elle est toujours là pour tout un chacun. Elle déchire !
Comme la plupart des personnages elle a sa part de mystère et d’irrationnel, ses rapports avec les autres protagonistes sont évoqués, mais en douceur. Tout ce petit monde se croise, noue des liens, se déçoit ou se trahit, parfois brille et se rachète une conduite. Ils sont humains, profondément : ils font des erreurs, ils font surtout ce qu’ils peuvent. De bout en bout on entr’aperçoit les passifs de tout ces « hobos », et peu d’entre eux sont joyeux ! Pourtant l’auteur évite avec brillo l’écueil du tire-larme, ce sont des « bad guys » quelque soit leurs parcours ça ne change rien, ne légitime rien, et ne les excuse en rien.
On a un brin de moral, quand ils peuvent ils braquent les gens assurés, ou très riches, pas les simples ouvriers qui galèrent autant qu’eux… Quand ils peuvent.
Un autre petit point qui m’a touchée c’est la fascination du protagoniste pour les romans d’aventure/de cowboys, il nous en parle quand il parle de son enfance : il en est tombé amoureux et s’en est nourri. Au point de plonger à son tour dans cet univers ! C’est brillant !
La lecture ponctue son évolution : il retrouve les livres en prison, et comme il y passe souvent il en profite.
Ce livre est paru chez Toussaint Louverture en 2017, et qu’est ce que j’aime cette maison !
A la base je me suis offert ce livre pour son édition : la jaquette est travaillée à l’argent, la couverture est très épurée comme toutes celles de la collection des « grands animaux » qui rassurent monsieur Toussaint Louverture et nous offre un merveilleux écrin pour ce texte superbe. Je vais pas tarder à lire l’autre volume de cette collection : « et quelquefois j’ai comme une grande idée » de Ken Kesey, qui, lui, est doré à l’or rouge. La sobriété de cette collection, élégante, s’étend au corps du texte qui offre un rythme de lecture vraiment agréable, nous poussant à prendre notre temps sans nous ralentir outre mesure : c’est génial !
Bon j’ai un peu peur du coté kitsch que l’étagère bariolée de cette maison donnera a ma bibliothèque, mais j’ai le temps de voir venir.