Quoi de plus percutant et bouleversant que de faire connaître l’Histoire globale, si elle existe, à travers des histoires individuelles ? C’est au cœur de ce constat que se niche la délimitation brumeuse entre littérature et récit historique. J’avais toujours entendu parlé du tragique génocide Rwandais sans vraiment pouvoir y poser des faits. Dans ce petit pays qu’est le Burundi, Gabriel, fils d’un père français et d’une mère Rwandaise, raconte son enfance tumultueuse marquée par le conflit entre Tutsis et Hutus. J’y ai découvert la dure réalité d’une violence crue qui se répand comme un gaz toxique profitant de l’instabilité. Se considérant toujours comme le couard de la bande, Gabriel est pourtant de ceux qui se révoltent et luttent contre la diffusion de ce poison acerbe. Il en résulte une peur qui ne le quittera jamais et avec laquelle il apprend à vivre en France.
Je suis toujours bouleversée quand l’auteur place l’enfant en narrateur mais davantage encore quand je me retrouve, lectrice, au même niveau de désarroi et impuissance. On souhaiterait pourtant protéger et sauver un enfant de tous les maux afin de ne jamais laisser s’envoler son innocence si précieuse car éphémère.