La raison pour laquelle j'ai été (très) déçu par ce roman de Arto Paasilinna est la même que celle qui m'avait fait autant apprécié le seul autre roman que j'ai lu de cet auteur: il est finlandais.
Là où cette culture, qui m'est totalement inconnue, était un atout important pour La Douce Empoisonneuse, dans Petits Suicides entre amis, c'est un calvaire. Dans le premier roman, ce pays est un contexte pour des personnages amusants, attachants avec une façon de penser innovante et le déroulement d'une histoire cocasse.
Dans le second roman, c'est une pléthore de noms impossible à retenir, de villes dont je n'ai jamais entendu parler (à part Helsinki, je vous rassure) et que je ne saurai jamais situer. Du coup, comme les noms me sont inconnus, il est impossible de savoir si les personnages sont masculins ou féminins, les villes au nord ou au sud, impossible également de retenir un nom, du coup l'auteur associe à chaque nom leur profession. Pour l'introduction c'est sympa, on apprend à connaitre l'origine du personnage, mais quand, pour la 15ème fois on lit "l'éleveur de rennes Uula Lismanki", les phrases deviennent vite lourdes...
Donc si on reprend un peu les éléments de ce roman, on a tout d’abord un pitch plutôt original qui aurait, à mon sens, mérité un traitement plus poussé. Mais là où le roman perd tout son intérêt, c’est dans l’amoncellement de personnages secondaires. Du coup, les 2 premiers suicidaires qui aurait dû être centraux, sont éclipsés et deviennent à leurs tours, des rôles secondaires. Je pensais que le roman expliquerait un peu pourquoi tant de finlandais sont poussés au suicide. En analysant quelques personnages, on aurait pu comprendre les arguments qui faisaient paraitre le suicide comme seule solution envisageable.
Plutôt que ça, on a juste un road trip entre suicidaires. Comme on ne sait rien d’eux, à part la volonté d’en finir avec la vie, j’ai trouvé que ça faisait plus « chouineurs » dont la vie serait un peu compliqué qu’autre chose. Pour finir, plutôt que de se tuer, on a une trentaine de finlandais qui partent faire le tour d’Europe en bus pour se changer les idées.
Certains diront que c’est une belle morale, « la vie vaut toujours la peine d’être vécue etc… » mais pour ma part j’ai été un peu déçu d’attendre un suicide collectif qui ne venait pas. En même temps j’aurais dû m’en douter quand le groupe décide, pour la deuxième fois, de reporter leur plongé dans un ravin en attendant de rallier le Portugal.
Le style léger d’Arto Paasilinna permet de finir le roman sans trop de difficulté, il insert par-ci par-là des petites anecdotes pleine de qui pro quo et de coïncidences un peu à la Frères Coens, mais tout cela ne fait que masquer (légèrement) le fait que ce livre n’est pas intéressant.
C’est donc avec soulagement que je repose ce livre sur mon étagère.