Un Nothomb pétillant cuvée 2014 !
Jusqu’à aujourd’hui, je reprochais à Amélie Nothomb d’avoir perpétuellement recours à un trop plein d’envolées vocabularistiques. J’avais par exemple trouvé Barbe Bleue follement indigeste. Avec Pétronille, nul besoin de paracétamol pour contrer un éventuel mal de crâne. Le style est frais, fluide, totalement maîtrisé. L’auteur sait mêler habilement langage soutenu et langage courant, ce qui donne d’ailleurs parfois lieu à de sacrés moments de franches rigolades. Cerise sur le gâteau, les dialogues entre Amélie et Pétronille sont d’un dynamisme à toute épreuve. Les deux femmes sont tellement différentes, dans leurs façons d’appréhender la vie, que le fossé les séparant devient le fer de lance d’échanges absurdes mais savoureux.
La grande force de ce livre se trouve dans son mélange des genres. Tout est fait pour nous laisser croire qu’il s’agit d’une période autobiographique. La narratrice se trouve être Amélie elle-même, et la plupart des éléments qu’elle nous livre coïncident avec la réalité. Le cynisme dont elle fait preuve à l’égard de son métier est désopilant, et sonne véritablement comme une critique bien réelle de l’auteur. Son personnage principal, Pétronille, n’est elle-même autre que la version romancée de Stéphanie Hochet, grande amie connue d’Amélie Nothomb. Le doute n’est pas permis puisque la première a écrit deux romans intitulés Vinaigre de miel et Je ne sens pas ma force, là ou la seconde a publié Moutarde douce et Je ne connais pas ma force. Tout au long du livre, le lecteur oscille entre cette demi fiction/réalité, se demandant finalement sans cesse où se trouve la limite. Quant à la chute de l’histoire, rocambolesque à souhait, elle est à l’image de son auteur.
L’essai aurait été parfait si je ne lui reprochais pas sa brièveté. Consciente que Nothomb s’en est fait une spécialité, comme Barbe Bleue en témoigne, je n’aurais aucun problème avec cela si le prix était cohérent. Malheureusement, j’estime qu’à 16.50€ les 180 pages, cela revient à se moquer des lecteurs.
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