Bon j'édite cette critique aussi. Ca fait partie de mes bonnes résolutions : développer les critiques de mes œuvres préférées. Cela dit, critiquer Racine, ça peut vite tourner court.
Donc je ne critique pas Phèdre. Je raconte mon amour pour Phèdre, beaucoup plus simple.
Au départ, je n'aime pas cette pièce. Imposée au collège, puis au lycée, en classes de seconde et 1èreL, trop de tirades passionnées tuent l'envolée lyrique. J'avais décidé qu'elle faisait rien que m'embêter, la dame, à vouloir jouer les cougars avec son beau-fils, et à s'abriter du Soleil pour éviter de lui sucer le sang.
Et puis à l'école de théâtre, il a encore fallu qu'on nous le fasse jouer. Avant de crier à l'overdose, il m'est arrivé un truc formidable : les cours de diction. Alors, oui, c'est peu de choses, peut-être, mais en fait ça change tout. Parce qu'un vers, un beau vers, bien dit, ça n'a pas de prix.
"De quoi m'ont profité mes inutiles soins?
Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins."
Ce vers par exemple, est magnifique tout simplement. Sans le prononcer, il l'est, en respectant les pieds, d'autant plus. Mais en jouant avec dans sa bouche, consonne, voyelle, consonne, voyelle, en le faisant rouler comme ça, c'est carrément jouissif. Et la totalité de la pièce est un bonheur à dire. Rien qu'en les "frappant", ces mots, l'émotion monte. Incroyable. Il savait y faire, Jean, malgré toutes mes protestations passées.
Un délice.