Il m'est extrêmement difficile, hélas, de me détacher de ce qu'on fait aujourd'hui de Phèdre. Racine lui-même affirme que ce n'est pas la tragédie qu'il juge la plus aboutie, et qu'il laisse au spectateurs et au temps le soin d'en juger. C'était sûrement là son erreur, de la laisser au temps ; quel que soit son tragique, c'est une pièce de théâtre et son propre est de rester éphémère.
Pourtant la force de ces mécanismes, pourtant " N'allons point plus avant ", pourtant le dernier monologue, pourtant le Œnone qui place à elle seule tous les confidents raciniens en héros, pourtant le devoir sacré, pourtant les nœuds tragiques qui tiennent Phèdre toute entière à sa proie attachée.
Trop de haine envers l'absolutisme psychanalytico-anachronique qu'en ont fait malheureusement nos contemporains ? Trop de dégoût de sa mystification ? J'ai la particularité de ne pas avoir étudié Phèdre en cours. J'ai étudié Athalie et Dom Juan à la place. Je crois que ça explique des choses. Alors qu'il me semble, du moins aujourd'hui, que Phèdre est la tragédie qui s'adapte le mieux aux explications un tant soit peu académiques et absolues. C'est ce qui me gêne, surtout pour le spectateur que je rêve d'être.