Par des yeux de louve-garou, le monde était différent.
D'abord, il était en noir et blanc. Du moins, cet ensemble insignifiant de sensations que sous son aspect humain elle appelait « vue » était monochrome – mais qui se soucie que la vue doive s'asseoir à l'arrière quand c'est l'odorat qui conduit, qui rit et sort le bras par la vitre pour adresser des gestes obscènes à tous les autres sens ? Après coup, elle se rappelait toujours les odeurs en termes de couleurs et de sons. Le sang était d'un brun chaud et d'un grave profond, le pain rassis d'un bleu vif tintinnabulant et tous les humains une symphonie kaléidoscopique à quatre dimensions.
Il avait grand, grand besoin d'un coup à boire. Le monde était assez tordu comme ça. Quand on le regardait à travers le cul d'un verre, il redevenait net.
Traduction par Patrick Couton.