À peine sorti de prison pour braquage, John Dortmunder se voit proposé un nouveau coup. Voler une émeraude convoitée par le Major Iko, représentant à l'ambassade d'une région fictive d'Afrique. Le bon plan qui devait aller comme sur des roulettes va surtout le mettre lui et ses collègues sur les rotules...
L'histoire de John Dortmunder est à son image : drôle et poétique. À l'origine, son créateur Donald Westlake cherchait à donner une nouvelle aventure à son premier personnage récurrent, Parker.
Elle tournait autour d'un vol que Parker n'arrivait jamais à réussir, faute de chance. Saisissant le potentiel humoristique de cette histoire, Westlake décide de donner un "frère" à Parker. Les deux partageraient ce goût du travail bien fait. En dehors de ça, c'est le jour et la nuit : l'un est déterminé, l'autre déprimé. L'un tue de sang-froid, l'autre refuse d'ôter une vie. Et surtout, l'un parvient toujours à ses fins, l'autre rarement.
L'humour faisait déjà partie des ingrédients de l'écriture de Westlake, mais elle n'était appelée à devenir une signature. Dortmunder lui donne l'occasion de se lâcher. Pierre qui roule sera le premier roman de sa série la plus populaire. L'écriture ciselée qui faisait les beaux jours de Parker se greffe habilement à l'univers du braqueur poissard, à laquelle Westlake ajoute une malice impayable. Description souvent cocasses, dialogues sans queue ni tête, rebondissements invraisemblables ; l'écrivain ne ménage personne. Ni ses personnages, tous aussi bidonnants les uns que les autres ni ses lecteurs, qui vont faire souffrir leurs zygomatiques.
C'est évidemment le tout premier volet pour Dortmunder, donc c'est le tour de chauffe. Westlake rode ses personnages, il prend son temps pour placer toutes ses parties. Mais une fois qu'on en arrive à la deuxième phase (il y en a six au total), préparez-vous à une avalanche de situations absurdes : allers-retours chez le major Iko, les listes délivrées par Kelp, les braquages (oui, il y en a plusieurs). J'en reste là pour ne pas gâcher le plaisir mais sachez que ça file à toute berzingue et que c'est fréquemment hilarant.
Pour une entrée en la matière, c'est une vraie percée qu'effectue Westlake. Ne pas s'étonner si les séquelles s'apparentent à un sourire aux lèvres.