Pimp fait partie des œuvres qui souffrent du fameux et non moins tragique "syndrome de Scarface" (copyright moi). Vous savez, ces films/livres/jeux vidéos incompris et adulés par une majorité de beaufs qui n'ont absolument rien bités à l'oeuvre et encore moins à son message, ce qui nous donne indubitablement envie de chier dessus, jusqu'à ce qu'on voit le bousin de nos propres yeux et qu'on réalise que c'est un putain de chef d'oeuvre, hélas porté aux nu pour de mauvaises raisons.
Et bien Pimp, c'est exactement ça. 75% des fois où j'ai entendu quelqu'un vanter les mérites de ce livres, c'était en gros de la manière suivante: "Pimp ouech il a trop la classe Iceberg Slim, le mec il a fait son trou, il a compris comment marchait le monde, il a trop géré ses putes IZI". Sauf qu'en fait, Pimp c'est pas ça.
Pimp, c'est la confession d'un homme qui est né dans un trou à rat, et qui a poursuivi pendant la moitié de sa vie
ce destin foisonné de vice et de monstruosité auquel il semblait prédestiné, sur fond de haine raciale à son paroxysme. Au fil des pages, on s’énerve de plus en plus, à voir cet homme si intelligent sombrer de plus en plus dans la violence, la drogue et le côté obscure de la force. C'est d'autant plus révoltant que tout cela parait très injuste, parce que le pauvre, il en a tellement chié dans sa vie, que même lorsqu'il défigure à vie l'une de ses putes à coup de cintres, on ne peut pas vraiment lui en vouloir. Oui, même au sommet de son art de Mac, on ne peut s'empêcher d'éprouver une immense empathie à l'égard de cette raclure de Slim. Parce qu'après tout, quoi de plus légitime que d'être monstrueux envers le monde qui à fait de vous le monstre que vous êtes?
Mais, au delà du récit palpitant de cette vie aussi riche qu'abominable, c'est surtout la conclusion du livre qui en fait pour moi un pièce rare. Cette repentance que l'on attend tout le long de cette oeuvre dont on en avait même parfois oublié l'issue, tant on se dit que Slim ne pourra jamais échapper à cette vie de malfrat déjà toute tracée. Cet épilogue, amené de la plus simple des manières, constitue un magnifique message d'espoir: si Slim , violé à 3 ans, battu, abandonné, engrené dans les rouages d'un monde où règnent violence, misère humaine, proxénétisme, drogue, trahison et autres joyeusetés, a fini par se repentir et se ranger, comment moi, simple cave, ne pourrais-je pas être capable d'échapper à mes démons et devenir une meilleure personne?
Parce qu'après tout, pourquoi un Iceberg n'aurait il pas le cœur chaud?