On n'a pas l'impression que Platonov soit la première œuvre de Tchekhov.
C'est une grande fresque qui s'offre à nous, dans laquelle tout le monde tchekhovien semble se retrouver.
Une sorte d'épitomé avant la lettre dans lequel on retrouve déjà les possibilités de rédemption d'Oncle Vania, la volonté de s'évader des trois soeurs d'un monde toujours le même.
Et déjà cette recherche d'un bonheur qui ne vient jamais – au contraire:
c'est Platonov qui parle:
«Je délire, je sais… J’aime tous les êtres humains. Et vous aussi… Je ne voulais faire de mal à personne et j’en ai fait à tout le monde.»
C'est un autre Don Giovanni, un séducteur moral, hélas pour lui et les femmes qu'il fascine !
Avons-nous déjà été au bord de votre existence ?
Nous sommes-vous déjà demandé :
est-ce que j'existe ou suis-je une projection de l'imagination ?
Est-ce que je bouge ou est-ce que d'autres l'imaginent ?
Et à quoi toutes les aspirations au bonheur servent-elles?
«Je ne saurai que faire d’un paradis : je suis un être humain ! »
Tout le pessimisme romantique d'un très jeune homme,
«Est-ce que vous cherchez quelqu'un?
Non, je cherche plutôt à m’éviter moi-même...»
nous l'accueillons avec grand bonheur.