2044. La Terre est à l’agonie.
Comme la majeure partie de l’humanité, Wade, 17 ans, passe son temps dans l’OASIS – un univers virtuel où chacun peut vivre et être ce qui lui chante. Mais lorsque le fondateur de l’OASIS meurt sans héritier, une formidable chasse au trésor est lancée : celui qui découvrira les trois clefs cachées dans l’OASIS par son créateur remportera 250 milliards de dollars !
Multinationales et geeks s’affrontent alors dans une quête épique, dont l’avenir du monde est l’enjeu. Que le meilleur gagne…
Reconnaissons d’emblée une grande qualité à Ready Player One : c’est un roman qui s’assume entièrement et qui va au bout de sa logique. Puisque le propos est de faire revivre les fantasmes des ados des années 80, autant y aller à fond : plutôt que de décrire un personnage ou des interactions, l’auteur va faire référence à tel ou tel personnage d’un vieux film. Plutôt que d’installer un univers et une ambiance, il va faire des listes (de jeux vidéos, de films, de chansons, de consoles, de jeux de rôles, mais bon, surtout de jeux vidéos hein). Pourquoi s’embêter avec de la littérature quand on peut superposer les vignettes tirées directement des souvenirs adolescents des lecteurs ? Parce que bon, autant être clair, on n’imagine pas quelqu’un qui n’était pas ado entre 1980 et 1990 aller au-delà de la page 10 de ce roman…
Pourquoi aussi s’embêter à écrire une histoire et des personnages, quand on peut simplement aller puiser dans tous les poncifs des films pour ados des années 80 pour trouver tout le matériel nécessaire ? Un ado marginal passionné de jeux vidéos, de musique pop, de séries tv et de Donjons et Dragons. Une bande de potes marrants et une fille un peu mystérieuse et un peu plus âgée. Un adulte en costard très méchant et très ambitieux qui représente une corporation qui veut gagner plein de sous même si pour ça ils doivent tuer des gens gentils. À la fin, il y a un coucher de soleil et le héros embrasse la fille, qui est tombée amoureuse de lui parce qu’il est super fort à Black Tiger et qu’il connaît les dialogues de Wargames par coeur. Il y a aussi un vieux monsieur très riche et très gentil qui va les aider, et une vieille dame très gentille mais très pauvre, elle, et qui va mourir alors qu’elle n’avait rien demandé à personne. Parce que les méchants sont très méchants. Ah oui, il y a aussi une tante alcoolique qui veut prendre l’ordinateur du héros pour le revendre et s’acheter des bières. Si.
Même quand on est le coeur de cible de ce roman, ça reste douloureux (j’avais 15 ans en 1987, je jouais à des jeux vidéos, je ne parlais pas aux filles et je rêvais de pouvoir m’enfuir dans un univers virtuel, j’aime bien Rush, ce qui est plutôt rare de ce côté-ci de l’Atlantique, et j’ai exactement le même âge qu’Ernest Cline).
Reste une chouette chasse au trésor, un peu d’humour si on n’est pas trop difficile, et Gandalf s’appelle Anorak. Quand je vous dis que c’est douloureux, hein…
Ready Player One n’a gagné aucun prix (faut pas déconner), n’a jamais été nominé, mais il a été adapté au cinéma par Steven Spielberg (qui d’autre ?). Je n’ai pas vu le film, mais si Matthew Broderick n’y fait pas au moins un caméo, c’est un scandale et une faute de goût.
Ernest Cline : Ready Player One – 2011
Originalité : 2/5. Parce qu’on ne voit heureusement pas ça tous les jours.
Lisibilité : 1/5. Douloureux, je vous dis.
Diversité : 3/5. Quelques rebondissements et changements de lieux qui animent un peu le récit.
Modernité : 0/5. Au secours.
Cohérence : 5/5. La forme parfaitement en phase avec le fond.
Moyenne : 4.4/10.
A conseiller si vous avez envie de (re)plonger dans une certaine vision de l’univers des ados des années 80.
https://olidupsite.wordpress.com/2023/06/24/ready-player-one-ernest-cline/