Caryl Férey est né à Caen en 1967 mais a grandi en Bretagne. Grand voyageur, il parcourt l'Europe à moto, puis fait un tour du monde à 20 ans. Il travaille notamment pour le Guide du routard. Ses principaux romans se situent dans des pays marqués par un passé douloureux – colonisation, apartheid, dictature – qui sert de toile de fond à ses histoires : la Nouvelle-Zélande pour “Haka“ et “Utu“ l’Afrique du Sud pour “Zulu“ l’Argentine pour “Mapuche“ et le Chili pour “Condor“.
Caryl Férey travaille près de quatre ans sur chaque roman, en procédant par étapes : un premier voyage pour découvrir le pays, prendre des repères ; ensuite commence un long travail de documentation, d’études, avant de passer à l’écriture de l’histoire ; un nouveau voyage sur place privilégiera les rencontres et permettra d’affiner, d’ancrer dans le réel ; et au retour c’est l’écriture elle-même qui est travaillée encore un an.
Son personnage de Mc Cash apparaît dans “Plutôt crever” (2002) et “La jambe gauche de Joe Strummer” (2007).
En créant ce personnage étrangement attachant, Caryl Férey dépeint avec sensibilité ce qu’est la relation forte d’une amitié indéfectible. C’est ainsi que Mc Cash définit son sentiment pour son ami Marc, disparu en mer : « Une amitié celte, semblable à un vieux grille-pain déglingué : difficile d’y entrer, impossible d’en sortir. »
Le parcours du quinquagénaire Mc Cash a toujours été chaotique. Né d’une mère Bretonne et d’un père Irlandais, il a grandi dans la violence à Belfast. C’est ainsi que Mc Cash est devenu borgne. S’installant en France à l’âge adulte, il devint policier.
Si au début de cette troisième aventure, usé par les douleurs dues à son infirmité, il n’a pas l’air en grande forme, ne nous y fions pas. La hargne qui l’anime est toujours aussi vive, et ses réflexes ne laissent que peu de chances à ses adversaires. La mort de son meilleur ami, Marco, est trop mal expliquée pour que ça ne cache pas quelque chose. Mener une enquête quand on n’est plus flic, encombré qu’il est par une fille de treize ans qui est à peine la sienne, rien d’insurmontable pour Mc Cash.
Marco appartenait à une riche famille, était avocat, mais sa véritable nature, c’était de bourlinguer sur les mers à la voile. Marin aguerri et alcoolique cynique, l’ami de Mc Cash était un authentique aventurier dans l’âme. Il venait d’acquérir un nouveau voilier en Grèce, et le ramenait par la mer en Bretagne, quand il a été victime d’un naufrage. Étonnante disparition pour un marin de son niveau, estime Mc Cash, à moins qu’il ait malencontreusement croisé un gros navire qui l’aura éperonné. L’ex-policier cherche des informations sur ce qui s’est produit et son enquête va l’amener à aller se faire voir chez les Grecs…
Les livres de Férey sont des radiographies d’un monde violent, noir, complexe, où le suspense est mêlé de sociologie, de politique ou d’économie. Le tout est raconté d’une plume parfois ardente mais toujours sans concession.
Mais à force de trop vouloir dénoncer, à force de trop vouloir tout expliquer, on tombe dans la lourdeur et le laborieux voire, le fastidieux. Personnellement, c’est ce que je reproche à la plupart des films américains : leur côté bavard et démonstrateur. Tout se passe comme si le spectateur (lecteur) est tellement débile qu’il faut lui mettre les points sur les i en lui expliquant tout. Sinon nul ne comprendrait quoi que ce soit. C’est sans doute le revers de la médaille du travail « trop » bien préparé et documenté.
Cela n’engage que moi, mais je préfère qu’en dénonçant des faits, on suggère, on laisse au lecteur le soin de comprendre, d’imaginer, toutes les malversations qui en sont à l’origine (ou alors on écrit un livre d'économie politique). Sur un sujet similaire, l’émigration, j’oserais un parallèle avec le livre d’Olivier Norek « Entre deux mondes » ou celui de Michel Bussi « On la trouvait plutôt jolie », où, sans démonstrations pesantes et besogneuses on est parfaitement renseigné sur les origines, les conditions et les horreurs subies par les migrants… Le but n’est-il pas atteint ?
Tous les détails des diverses corruptions et autres trafics dénoncés par monsieur Férey ont-ils, eux, atteint leur but ? La lecture terminée, ne sont-ils pas noyés sous la quantité ?... Pour ce qui est de la crise grecque, est-on absolument certain de leur pertinence ? Par moment j’en suis venu à douter de l’impartialité de l’auteur… Les Grecs ne sont-ils pas un peu trop blancs de blanc dans toute cette histoire ?...