Force m'est de reconnaître qu'en poésie, genre face auquel je me sens aussi frêle et mal à l'aise que l'oiseau qui vient de naître et qui se demande où et qui il est, il me faut me raccrocher aux branches de l'académisme si je veux apprécier quelques vers. Ainsi apprécié-je Hugo et La Fontaine, qui constituent avec Baudelaire, mon Panthéon personnel d'un art dont je ne maîtrise ni les règles ni les nuances.
Avec Rimbaud, nous sommes loin de cet académisme qui me rassure. Poésie engagée, pensée libérée, vers imagés à travers lesquels il faut deviner les doubles sens. Poésie pour laquelle je ne suis ni équipée ni prédisposée. Poésie qui me laisse de marbre quand elle fait vibrer tant d'autres. Grâce à un challenge littéraire, j'aurai à nouveau tenter l'expérience, hélas sans succès. Passés "Le dormeur du val" et "Ma bohème" disséqués (et appréciés) sur les bancs de l'école, je reste totalement imperméable à la magie prophétisée. Au-delà des évocations indéniablement vivantes de la vie de bohème ou des scènes de la vie quotidienne dans le Paris de 1870, je ne suis ni particulièrement touchée ni transportée par les vers du jeune poète aux multiples talents.
De tout le recueil, un seul poème m'a interpellée, "Les étrennes des orphelins" mais c'est sans doute l'un des plus "académiques" du poète, et la boucle est bouclée.