Bonjour à tous,
Me voilà avec un poète méconnu du grand public, pourtant admiré par Brassens, et Léo Férré. Et oui !! Quasi personne ne connaît François Villon, ce poète du moyen-âge.... Un génie oublié. Je me hate de réparer cette faute.
Voici réunies en un seul volume les différentes poésies de François Villon avec entre, autres, son lai, son testament et ses ballades diverses parmi lesquelles la sublime et émouvante ballade des pendus qui, à elle seule, vaut déjà le déplacement. François qui ? Francçois Villon, vous dis-je.
Certes, le français de l'époque de François Villon a vieilli et est devenu souvent difficilement compréhensible. L'éditeur pallie cet inconvénient en adjoignant un appareil critique fouillé, parfois un peu lourd, qui permet de mieux comprendre le (con)texte de l'oeuvre.
Si tout le volume n'est pas digne d'intérêt, on se laisse bercer par la personnalité attachante du poète, pauvre hère transi de faim, pas toujours en odeur de sainteté avec les autorités quelles qu'elles soient.
Son long testament, parcouru de magnifiques passages (notamment sur "neiges" d'antan) tourne en bourrique ses différents légataires, car Villon, aura, en définitive, tout donné aux tavernes et aux "bourdeaux".
A lire avec délectation mais aussi une certaine sélection.
Villon nous touche violemment par son évocation gouailleuse et amère de la misère, de la déchéance et de la mort. Mais c'est aussi un poète ambigu, difficile moins par sa langue que par son art de l'allusion et du double sens. La présente édition, entièrement nouvelle, éclaire son œuvre et en facilite l'accès tout en évitant le passage par la traduction, qui rompt le rythme et les effets de cette poésie sans en donner la clé. Toute la page qui, dans les autres volumes de la collection, est occupée par la traduction est utilisée ici pour donner en regard du texte des explications continues que le lecteur peut consulter d'un coup d'œil sans même interrompre sa lecture.
François Villon est et restera l'un des plus grands poètes de notre langue, un bandit magnifique jouant avec les mots comme nul autre pareil, tout droit sorti d'un Moyen-Âge fantasmatique avec ses brigands et ses tavernes auquel Brassens a si bien rendu hommage dans sa chanson "Le Moyenâgeux". A ce génie des mots, qui contredit les sots qui pensent que la poésie française naît au XVIème siècle, il manquait une édition complète qui le restaure dans sa langue originale sans faire de traductions qui, forcément, affadissent. C'est chose faite avec cette très belle édition des Lettres Gothiques: Villon dans le texte, avec des pages d'annotations en face pour bien saisir toute les allusions et les subtilités d'une langue assez ancienne. Il ne reste plus qu'à si plonger, et savourer des vers intemporels comme les Regrets de la Belle Heaulmière ou la Ballade des Pendus.....
Villon, le premier des poètes maudits selon Verlaine. Pour l'avoir étudié en son temps à LCL (Leuven), j'en ai été marqué profondément. La langue de l'époque peut poser problème pour qui la maîtrise mal. L'édition bilingue résout ce problème.
Merveilleux Villon. Pourquoi? Mauvais garçon, il n'est pas l'homme des remords : les legs du "Lais de François Villon" comme du "Testament" sont d'une ironie et d'une fausse naïveté qui n'épargnent ni le donateur ni l'héritier (sic) et la loi obscure du destin engloutit tout de façon telle qu'on s'interroge sur le fait même que François ait pu éprouver des regrets. C'est l'époque des danses macabres, où Villon fuyait l'école comme le fait le mauvais enfant. Sa faute? Echappatoire immédiate : ses compagnons devenus moines, bourgeois, seigneurs et maîtres n'en connaîtront pas moins que lui les affres de la mort. Tous redevenus égaux.
Même leçon dans "La Ballade des Dames du temps jadis" : "Mais où sont les neiges d'antan?". Antan = l'année passée. Pas de réponse possible. Brassens a bien compris : aucun trémolo, mais acceptation,comme Villon, du destin qui régit nos vies. Reggiani a de même très bien compris "La ballade des pendus", mais pas Gérard Philippe.
Enfin, il y a cette douleur, devant la dégénérescence du corps féminin, lui-même soumis aux lois de la vieillesse et de la mort. "Corps féminin, si doux, si tendre/Te faudra-t-il ces maux attendre?".
Voila! Nous sommes dans le royaume de France, sous Charles VII, en plein XVe siècle et Villon nous fait découvrir un français médiéval.
L'on s'amuse de ce français rythmé par la cadence en octosyllabe de Villon qui nous entraine, dans des vers provocateurs, dans un esprit tourmenté et la musicalité fait le reste.
Si vous voulez une poésie du XVe siècle faite par un Duc, lisez Charles d'Orléans et pour le coté poète roturier, il y a François Villon.
L'œuvre de François Villon (1431-"1463") contient: -le petit testament (ou le Lais), le grand testament et les ballades comme la fameuse "ballades des pendus":
"Dieu en aura plustost de vous merciz.
Vous nous voyez cy attachez cinq, six :
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est pieça devorée et pourrie,"
François Villon restera à jamais le premier grand poète en langue française.
Une tranche de folie, une tranche de génie et une tranche d'histoire aussi.
Tout y est, les grands classiques et de belles découvertes. Un régal de redécouvrir le françois de l'époque...
Le vieux français n'est pas un obstacle tant la poésie de Villon est forte ! Cela fait du bien de voir que finalement c'est une poésie éternelle qui nous parle maintenant comme jadis.....
Bonne lecture à tous. Baignez vous dans le bain de la renaissance. Cela ne peut que vous instruire, et vous grandir, d' un point de vue humain et intellectuel. Portez vous bien. Lisez Villon ! Tcho. @ +.