Petit hommage personnel à Alfred de M., poète tourmenté qui m'a accompagnée à différents stades de ma vie, de même que cette présence apaisante qui lui apparût par une nuit de Décembre.
Il est des mots qui habitent le cœur,
Quand Tristesse a sur lui la mainmise;
Tu as comblé le mien de chaleur,
Quand je t’aimais sur les rives de Venise.
Toi le Poète qui cherche clameurs
Dans des vœux stériles qui se brisent;
Sous La pâle étoile du soir qui se meurt,
Bercé par le doux refrain de la bise.
Toi qui as emplis mes yeux de pleurs,
Par le Souvenir d’une âme exquise;
Comme Lucie sous son saule pleureur,
Innocente dans sa plus belle chemise.
Tes Idylles marqueront les conteurs,
Comme tes tristes passions qui divisent;
Et tes nuits de Mai à Octobre demeurent
Les plus belles causeries non concises;
Entre un poète qui pardonne au malheur
Et sa muse que les mots humanisent.
Pour tes amours tu rêvais de grandeur
Et des mots tu avais la maîtrise,
Pour nous offrir enfin les candeurs
De Ninon, de Suzon et autre Marquise.
Impromptu (En réponse à la question : Qu'est-ce que la Poésie ?)
Chasser tout souvenir et fixer sa pensée,
Sur un bel axe d'or la tenir balancée,
Incertaine, inquiète, immobile pourtant,
Peut-être éterniser le rêve d'un instant ;
Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ;
Écouter dans son coeur l'écho de son génie ;
Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ;
D'un sourire, d'un mot, d'un soupir, d'un regard
Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme
Faire une perle d'une larme :
Du poète ici-bas voilà la passion,
Voilà son bien, sa vie et son ambition.