La lecture de "Amours" le précédent roman de Léonor de Recondo m'avait enthousiasmé comme de nombreuses lectrices et lecteurs. Après des amours lesbiennes magnifiées par un texte délicatement ciselé, voici l'auteure s'attaquant à un sujet vraiment plus casse-gueule : le changement de sexe.
Laurent, marié avec Solange son amour de jeunesse , deux enfants adolescents, cadre dans une entreprise d'éolienne, a de plus en plus de mal à cacher la personne qu'il sait être réellement au fond de lui : une femme. Depuis quelques temps, habillé en créature un peu idéale, il fréquente secrètement le Zanzi, bar où se retrouvent d'autres transgenres comme lui. Mais l'absence de son épouse et de ses enfants pendant trois jours seront le point de départ d'une révélation qui, on peut s'en douter, bouleversera sa vie, celles de ses proches et de ses collègues de bureau.
De plus en plus traité au cinéma comme en littérature, la notion de genre et surtout la difficulté à être autre que ce que la nature a donné, demeure un sujet encore tabou ou tout du moins très délicat. L'homosexualité a encore du mal à passer, alors la transsexualité... on n'ose pas imaginer ! C'est sans doute avec une volonté toute pédagogique que Léonor de Recondo semble avoir conçu son roman, comme un petit plaidoyer sur la tolérance et la différence, sur l'acceptation de soi. L'entreprise est généreuse mais, à mes yeux, ratée. Cela s'appelle "Point cardinal" mais " Le changement de sexe pour les nuls" aurait été plus approprié ou même "Oui-Oui devient une fille". A vouloir donner à son histoire un caractère tolérant, simple et à la portée du premier venu ( il faut convaincre le lectorat le plus large), le roman s'enfonce dans une sorte de sitcom improbable, presque gnangnan, en tous les cas trop belle pour être crédible. On a l'impression que le syndrome Laëtitia Colombani a encore frappé ! Le style vise la simplicité, la phrase n'est pas en reste. On rajoute quelques jolis clichés pour faire avancer l'action et une profondeur psychologique de téléfilm de deuxième partie de soirée sur la TNT sans aucune réelle mise en perspective. Tout coule de source dans cette histoire parce que voyez-vous, tant que l'amour circule, tout va bien. On prend des hormones, puis on file en Belgique se faire opérer et hop Laurent devient Lauren et elle peut ainsi enfiler des culottes de soie sans avoir à aplatir son sexe. ( là encore, un homme qui se sait femme, c'est enfiler quelques attributs assez connotés comme de beaux et longs cheveux blonds, des robes moulantes et des sous-vêtements en soie, comme si la féminité se réduisait à ces stéréotypes...)
La fin sur le blog
http://sansconnivence.blogspot.fr/2017/08/point-cardinal-de-leonor-de-recondo.html

pilyen
3
Écrit par

Créée

le 30 août 2017

Critique lue 817 fois

1 j'aime

pilyen

Écrit par

Critique lue 817 fois

1

D'autres avis sur Point cardinal

Point cardinal
Behuliphruen
2

Point nécessaire

Point Cardinal est un roman extraordinairement paresseux. Autrement dit, un enfilage de perles. Tout ce que l’on s’attend à y trouver s’y trouve. Rien de plus, rien de moins. Une ou deux fois,...

le 9 déc. 2017

5 j'aime

2

Point cardinal
BrunePlatine
8

"Laurent avait toujours su qu'il était blonde"

Le parallèle avec le film de Dolan est assez net en effet, mais par trop réducteur. Ce serait - scandale ! - oublier la grâce littéraire de Léonor de Récondo qui, depuis le divin Amours n'a cessé de...

le 18 déc. 2017

4 j'aime

Point cardinal
Nadouch03
3

Critique de Point cardinal par Nadouch03

Une famille classe moyenne, deux enfants, deux boulots stables, un couple classique. Sauf que Laurent rêve de devenir Lauren, au risque de faire basculer vie de famille, vie professionnelle,...

le 3 nov. 2018

2 j'aime

Du même critique

Habibi
pilyen
4

Bibi n'a pas aimé

Il y a des jours où j'ai honte, honte d'être incapable d'apprécier ce qui est considéré comme un chef d'oeuvre par le commun des mortels. A commencer par mon libraire spécialisé BD qui m'a remis...

le 1 janv. 2012

35 j'aime

7

Grand Central
pilyen
3

Grand navet

J'ai vu le chef d'oeuvre de la semaine selon les critiques. Hé bien, ils se sont trompés, c'est un navet et un beau ! Cette fois-ci, ils ont poussé le bouchon tellement loin qu'ils risquent d'être...

le 29 août 2013

27 j'aime

18

Les Fantômes d'Ismaël
pilyen
3

Parlez-vous le Desplechin ?

Je le dis d'emblée, je n'ai jamais été fan du cinéma de Mr Desplechin. "Les fantômes d'Ismaël" confirment que je ne parle pas et ne parlerai jamais le "Desplechin" comme se plaît à dire le...

le 18 mai 2017

24 j'aime

1