Dans le très brillant Tu quitteras la terre, l'auteur péruvien Renato Cisneros enquêtait sur la généalogie de sa famille, y dénichant quelques secrets bien cachés. De la même nationalité, Gabriela Wiener s'interroge à son tour, dans Portrait huaco, sur son présumé ancêtre, explorateur européen dont le passage au Pérou s'est soldé par des exhumations d'objets Incas (pillages serait un terme plus approprié) qui composent désormais la collection Wiener au musée parisien du quai Branly, mais aussi par une descendance. Et voici Gabriela Wiener, écrivaine et journaliste installée en Espagne, qui remonte le temps et essaie d'en savoir plus sur cet aïeul revendiqué par sa famille même si un doute demeure. Mais cette quête n'est pas le seul sujet de Portrait huaco, plus proche d'une autofiction que d'un roman, car l'autrice y évoque sa vie polyamoureuse, plus ou moins bancale, et aussi la figure de son père, qui menait une double existence. L'intérêt du livre est assez inégal, parfaitement passionnant quand il évoque les zoos humains des expositions universelles ou encore ce racisme scientifique qui a longtemps perduré en Europe. Un peu moins captivantes sont les pages les plus intimes, souvent crues, dans lesquelles le lecteur devient un voyeur malgré lui, même si, dans un autre registre, la recherche d'identité de la narratrice parlera à chacun. Un peu décousu, Portrait huaco confirme cependant, à sa manière, la puissance et l'absence de complexes des romancières latino-américaines actuelles.

Un grand merci à NetGalley et aux excellentes éditions Métailié.

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le 30 août 2023

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