Le personnage central du très choral "Pot-Bouille" (qui signifie "popote" ou "tambouille") est Octave Mouret, issu de la branche de la petite bourgeoisie de l'arbre généalogique des Rougon-Macquart, coincée entre les Rougon proche du pouvoir et les miséreux Macquart. Octave arrive à Paris pour y faire son trou et pour cela, rien de tel que mettre la main sur une maîtresse bien placée, peu importe finalement qu'elle soit mariée ou non. Derrière les portes du bel immeuble cossu et surtout "comme il faut" de la rue de Choiseul dans lequel il s'installe, les adultères, combines d'argent et autres atteintes à la bonne morale y vont bon train, tout cela sous l'oeil blasé des domestiques qui se débattent eux-mêmes dans leurs propres contradictions.
L'histoire, resserrée sur le petit monde d'un immeuble bourgeois où l'hypocrisie règne en maître, se situe entre le vaudeville grinçant et le drame social. Il est en tout cas beaucoup moins feutré que peut l'être "Une page d'amour" avec lequel je perçois une analogie dans l'idée de dépeindre de manière incisive une histoire de voisinage.
Parmi les romans de la première moitié de la célèbre saga naturaliste de Zola, ce dixième épisode fait partie de ceux qui ont clairement ma faveur. Avec peu de descriptions, de nombreux personnages et quelques moments savoureux (exemple : la panique de Berthe dans l'escalier), "Pot-Bouille" est irrésistiblement vivant et distrayant, presque réjouissant. Pourtant, plus que pour tout autre tome, la vision de la société y est particulièrement pathétique et pessimiste.