EZ s'attaque ici à sa cible préférée : les bourgeois.
Les même thèmes reviennent
Et pourquoi pas ? Les bourgeois hypocrites, les hommes obsédés sexuels et lâches, les femmes crétines et vénales. Ici, tous sont pris au sein d'un immeuble. La famille bourgeoise et les bonnes, le logeur, la bonne réputation, le malheur amoureux, la recherche de la bonne affaire, la bonne dot, la bonne poire. J'avoue que j'ai commencé par m'y laisser prendre : Octave a pour objectif de niquer toutes les femmes de l'immeuble, surtout les plus rentables. Mal m'en pris.
On tourne en rond
L'essentiel de ce roman tourne comme un vaudeville sans comique. Un vaudeville qui dénonce sans subtilité. Un vaudeville misanthrope. Emile n'aime personne. Tout juste manifeste-t-il un peu de compassion pour les bonnes qui accouchent en secret dans leur chambre et mettent leur bébé à l'orphelinat en cachette. Et de fêtes semi-mondaines en dragouilles médiocres, de baises décevantes en familles mesquines, on ne s'élève guerre.
Le réglement de compte
Parce qu'EZ n'aspire ici pas à grand chose. C'est là que la thèse selon laquelle il faut distinguer l'homme de l'artiste s'écrase comme une merde. Il se venge. Sans doute a-t-il raison, sociologiquement. Mais l'objet de ce roman est de mettre le bourgeois qui ne l'aime pas, car il dénonce le bourgeois, le nez dans son caca. Qui pour lui en vouloir ? S'il en avait fait une thèse, j'aurais peut-être trouvé ça plus intéressant.
Dans Pot-Bouille, sur plus de 400 pages, Emile Zola, dénonce le bourgeois perclus de suffisance et d'auto-satisfaction. Il le dépeint aussi victime et malheureux. Victime, parce qu'au final, tout n'est qu'atavisme et condamnation sociale, malheureux, parce qu'en réalité, nous cherchons tous l'amour. Dans la pyramide de Maslow, nous sommes coincés entre le deuxième et le troisième étage, et c'est terrible.