Délicieusement acerbe, savoureusement indécent, ou agréablement effrayant, faîtes votre choix. Dans tous les cas, Pottsville est l'un des meilleurs romans que j'ai eu le loisir de découvrir.
Au premier abord, on a toute l'empathie du monde pour le Shérif Nick Corey. Le bougre est moqué par ses administrés. Alors qu'il ne fait rien pour ça...mais alors RIEN DU TOUT. Sorte de figure hilarante d'un mal planqué derrière une tonne de cynisme et d'hypocrisie réjouissante, Corey est un pur délice d'humour. Imaginez donc le voir prendre les choses en main quand sa place de Shérif est menacée par un concurrent bien plus compétent.
Jim Thompson déroule un univers d'une richesse tout bonnement incroyable. En 250 pages, il dresse un des plus grands polars jamais écrits: noir comme l'enfer, drôle comme pas deux, et surtout avant-gardiste. Narrateur désopilant, Nick Corey préfigurait certains personnages qu'on retrouverait plus tard chez James Ellroy (cf Un Tueur sur la Route).