Il y a toujours matière à écrire sur l’identité et le temps qui passe, et Modiano y excelle. Jean Daragane erre dans sa vie, entouré de fantômes insaisissables, à la recherche de son passé. Malgré l’impression de déjà vu sur ce thème, Modiano m’impressionne… C’est toujours incroyablement facile à lire ; pourtant le style d’une fausse simplicité parvient à donner l’ambiance brumeuse et triste qui exprime toute la solitude et la confusion du personnage central. Tant pis pour l’enquête policière, on n’aura pas tout compris ni eu toutes les réponses, et c’est frustrant, … mais la démarche est autre : « présenter l’ombre, quand on ne peut pas donner les faits », comme évoque la citation de Stendhal en 1ère page. Moi, je lis Modiano comme j’apprécierais un artiste peintre, et tant pis si l’histoire est vide et le décor fade. Son style, c’est son coup de pinceau, un univers qui me touche à chaque fois.