Pour qui sonne le glas par Poutrelle
Je connais peu Hemingway. Le seul livre que j'avais lu de lui avant celui-ci était "Le vieil homme et la mer". J'en avais eu un sentiment mitigé. Pour être franc, je m'étais un peu ennuyé.
C'est avec beaucoup plus d'intérêt que je me suis lancé dans " Pour qui sonne le glas". Tout d'abord, parce que je connais peu la guerre d'Espagne, et qu'ensuite, Hemingway ayant couvert cette guerre, j'avais là un témoignage de première main.
J'ai trouvé les personnages hauts en couleur, charismatiques, tantôt agaçants, plutôt attachants. L'intrigue en elle même, à savoir l'attaque d'un pont par les partisans, mené par l'Américain Robert Jordan, n'occupe finalement que les 100 dernières pages du livre.Hemingway consacre la majeur partie de son œuvre à travailler ses personnages, leurs relations, leurs sentiments face à la guerre, à la mort, à la violence....
J'ai énormément apprécié la diversité des ressentis des personnages face à cette guerre. De Pablo, guérillero brutal mais lassé des tueries, à Anselmo, vieux chasseur vivant dans ces montagnes et répugnant à tuer son prochain, tout fasciste qu'il soit, en passant par Robert Jordan, qui donne l'impression de vivre cette guerre de l'extérieur, concentré sur sa mission et insensible à l'idée de la mort, la sienne ou celle des autres, et sa "fiancée" Maria, pauvre fille perdue au milieu d'un conflit dont elle n'a été jusqu'ici que la victime.
La narration en elle même est très bien exécutée, et on se laisse facilement porter par le récit, et les flashbacks réguliers permettent d'apporter beaucoup de profondeur aux protagonistes.
Au final, là où pour moi le bas blesse, et gravement, c'est dans les dialogues. Comme je le dis plus haut, je connais peu Hemingway, mais le style qu'il emploi pour faire converser ses personnages m'a tellement rebuté au début que j'ai failli abandonner ma lecture. Les personnages se répètent constamment, louvoient, sur des thèmes parfois sans grand intérêt, et l'on s'agace vite de voir une conversation tenir 2 pages sans pour autant apporter aucune valeur ajoutée à l'intrigue.
Je passerai sur la traduction, qui là aussi laisse à désirer, mais il y a une chose que je ne peux pas laisser passer : qui, sain d'esprit, appelle sa dulcinée "Mon Chevreau"? Mon agacement à voir les personnages répéter une même phrase 3 fois de suite devenait d'autant plus fort lors des scènes d'intimité (parfois très niaises) entre le personnage principal et Maria.
Pour conclure, j'ai trouvé ce livre bon, surtout que le final est grandiose, mais les dialogues d'Hemingway sont une vraie plaie, et portent gravement préjudice à son histoire.