Pourquoi lire ? Question pertinente ! Pour rien. Réponse décevante au premier abord. On ne lit pas un roman pour apprendre. Et c'est stupide que de le faire pour ça. Et on rejoint ici la pensée de Milan Kundera : on lit pour le plaisir de lire. Et on lit Charles Dantzig pour le plaisir de lire un livre qui parle de lire dans un essai aussi pertinent qu'esthetique.
Il est rare de tomber sur un essai qui ne soit pas barbant. Peu on réussit à allier la pensée pratique et l'esthétique. Et que personne ne me fasse croire qu'il s'éclate à enchaîner les essais. C'est souvent lourds, pompeux (bien que pertinente quand ils sont bons) et chiants ! Ici, Charles Dantzig ne manque jamais d'humour. On lit sa passion pour la littérature avec un réel plaisir esthétique. Et on peut être ou ne pas être d'accord avec tout, on es obligé d'admettre que jamais ses arguments ne manquent de pertinence.
Lire ne sert à rien. Et c'est bon ça que c'est une grande chose. Il n'y a aucune grandeur en une chose accomplie dans un intérêt ou sous la contrainte. Ce qui est grand c'est ce qui est fait en dehors de toute contrainte. Et lire c'est grand ! Celui qui lit un roman dans un but précis, celui d'apprendre par exemple ou conforter ses idées, se trompe. Et Milan Kundera avait inventé un mot pour lui : musomuse. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut rien apprendre dans un roman. Mais cet apprentissage se fait malgré nous. Rien ne justifie de lire un roman, que ce soit pour la santé, se consoler. On lit avant tout pour le plaisir de lire. La lecture se fait avant tout pour soi.
Et dans cet acte égoïste et assumé, le lecteur parvient à faire preuve d'altruisme : "En lisant, nous avons fait revivre une pensée endormie". La lecture lie l'humanité, les cultures, les époques : "Ne lisant plus, l'humanité sera ramenée à l'état naturel, parmi les animaux."