"L'insupportable, c'est ce nulle part, ce plus jamais, ce plus rien qui prend toute la place"
Un roman simple. Un roman plein de cette tristesse qui ne nous quitte pas jusque dans la narration presque trop brève des moments de bonheur. Trop brève parce que l'on voudrait du répit, nous, pour échapper à la douleur de ce narrateur qui n'en a aucun. Et pourtant ces éclats de bonheur suffisent à comprendre qu'il y en a eu mille, qu'il y en aurait eu mille autres sans cette saleté de vie - de mort.
Un roman du refus plus qu'un roman du deuil, pas encore entamé, il est trop tôt pour l'entamer. Une histoire d'amour, une histoire d'adieux pudique jusque dans la belle évocation du manque et de la tristesse. Cet espoir des premiers jours que l'on va se réveiller et cela ne sera plus vrai. Ces premiers jours où tout semble absurde sans le disparu, où l'envie d'avancer n'existe pas, où avancer n'a aucun sens. Ces jours où les mots, les gestes des autres ne nous atteignent pas, nous semblent ridicules. "Et même si tout cela était vrai, comment l'entendre quand ma douleur est justement le fil qui me lie à toi ?"
Un roman à fleur de peau qui m'a tenue à fleur de larmes pendant quelques heures, me rappellant sans cesse les sensations si proches de mes jours à moi. Je n'aurais pas pu le lire, ces jours là.
Juste assez court pour ne pas donner envie de se balancer par la fenêtre - du rez de chaussée, sinon ça devient trop dangereux - ce livre est un beau témoignage du "tout de suite après". Le seul espoir reste notre savoir qu'il y a un plus tard, plus radieux.