Sur place, ils avaient une coquille sur le dos. Ailleurs, ils connaîtront la douleur du déracinement et la nostalgie des temps difficiles mais saturés d'amitié, de discussions enflammées et aussi de rhum. Avec Poussière dans le vent, Leonardo Padura a écrit la plus romanesque, et rocambolesque, des fictions sur l'exil de ses compatriotes cubains, diaspora agitée et sentimentale. Dans cette frque chorale et peu à peu éclaté dans divers endroits du globe (États-Unis, Porto Rico, France, Espagne), l'auteur décrit et enchevêtre les destins d'une bonne dizaine de personnages, liés pour les plus vieux d'entre eux à leur appartenance à un groupe d'amis (Le Clan) et marqués par deux événements saillants qui se sont déroulés à quelques jours d'intervalle en l'an 1990 : le suicide de l'un et la disparition d'une autre. Et ce, alors que Cuba, après la chute de l'empire soviétique, connait une "période spéciale", autrement dit une époque de pénurie terrible et de fuite en masse vers l'étranger. Rien n'est plus admirable que la manière dont Padura maîtrise son récit arachnéen, donnant vie à chacun de ses protagonistes sans jamais oublier le contexte historique, économique et social sur près de 3 décennies. Comment peut-on être Cubain ? L'écrivain répond à la question avec toute son âme et son talent de conteur, ménageant un suspense insoutenable en nous attachant aux pas de personnages traqués dans leur moi le plus profond et leurs actes les plus insensés. Il y a parfois des hasards et des coïncidences incroyables dans Poussière dans le vent mais la conviction du romancier est telle et le maelström d'émotion si grand que tout submerge dans ce pavé ébouriffant de bout en bout. Poussière dans le vent décoiffe la rentrée littéraire et son exubérance tropicale et sensuelle est un cyclone dont il est difficile de se remettre.


Un grand merci à NetGalley et aux éditions Métailié.

Cinephile-doux
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le 22 août 2021

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