J'ai lu pas mal de romans d'Amélie Nothomb, surtout ces dernières années. Ça doit représenter un tiers de sa bibliographie, et depuis Soif je lis systématiquement son nouveau livre. Ce n'est pas parce que je pense que c'est la meilleure romancière francophone, mais parce que je trouve son travail à la fois qualitatif et accessible, et même ses romans les plus moyens me parlent un peu. D'ailleurs je remarque qu'à une exception près, mes romans préférés sont ceux où elle parle d'elle sans trop se cacher derrière ses personnages. Elle ne fait pas ça très bien en général, mais elle semble totalement assumer cette part autobiographique masquée derrière au moins un personnage de chacun de ses livres.
Soif était un peu décevant car vendu comme un roman très ambitieux, peut-être même prétentieux alors qu'il n'en est rien, même si ça se laissait. Les aérostats était pour moi plutôt moyen, ressemblant à une caricature de l’ensemble de l'œuvre de l'écrivaine condensée en une centaine de pages (mais ça donne des idées de classiques à lire si ce n'est pas déjà fait).
Alors autant dire que je n'attendais pas grand chose de Premier sang. Et puis j'ai appris que ça parlait de son père, qu'elle a perdu en mars 2020, au début du confinement. Une perte d'autant plus terrible qu'avec le confinement l'autrice n'a pas pu se rendre sur la tombe de son père avant plusieurs mois. Et je crois qu'elle a fait le plus bel hommage à son père qu'il était possible de faire.
J'ai trouvé ce roman tout simplement beau. J'y crois à la vie de ce petit garçon qui devient un adulte, on voit que c'est les mots d'Amélie Nothomb dans sa bouche, mais j'ai trouvé qu'il y avait une telle sincérité et une telle tendresse qui débordaient de ce livre... L'idée c'est donc de nous raconter la jeunesse de son père mais à la première personne. On aurait pu s'attendre à la jeunesse chiante à en crever d'un bourgeois comme il y en a tant, puisque Patrick Nothomb était un diplomate belge de bonne famille. Du moins c'était ma crainte en tout cas.
Mais Amélie Nothomb a eu l'intelligence de prendre ce qu'il y avait de plus palpitant dans le début de la vie de son père, de s'arrêter au bon moment dans son récit, et d'en faire quelque chose de fort, ce qui a défini l'homme qu'il était.