Impatient de me lancer dans un roman de Joe Abercrombie après en avoir entendu tellement de louanges, je ressors frustré de cette lecture.
Si la plume de l’auteur, fluide et directe, fait des merveilles, il faut bien reconnaître que ce premier tome du cycle La Première Loi laisse un goût de déception une fois la dernière page tournée. C’est bien simple, l’impression principale est qu’il ne s’est rien passé de crucial et qu’il ne s’agissait que d’une grosse introduction à une histoire dont on ne saisit pas encore les enjeux.
Pour tenter une comparaison, c’est comme si le premier tome du Seigneur des Anneaux s’était arrêté à la constitution de la communauté. L’aventure n’en est qu’à ses balbutiements et le lecteur ne peut que soupçonner un contenu intéressant dont il n’a pour l’heure que des idées et projections personnelles.
Et c’est franchement dommageable puisque, d’une part, le roman est assez long (700 pages pour le format poche) et, d’autre part, tout le reste est réussi.
En effet, la description du lore est souvent suffisamment étoffée et dénuée de lourdeur pour rendre la lecture agréable. Si les scènes d’action peuvent parfois sembler brouillonnes, cet effet est toutefois atténué par le style direct de l’auteur.
Par ailleurs, Joe Abercrombie signe avec cette œuvre son tout premier roman et démontre un talent hallucinant pour rendre sympathiques au lecteur toute une galerie de personnages aussi excentriques qu’antipathiques. Ses héros sortent vraiment du carcan habituel des personnages de fantasy, valeureux et conciliants. Ses personnages vont de sournois à détestables, mais sont tellement travaillés qu’il est impossible de les haïr. Pire, leur histoire et leurs expériences les rendent le plus souvent attachants.
Sur ce dernier point, l’auteur m’a réellement convaincu de poursuivre la lecture. Reste à espérer que l’aventure se révèlera un peu plus clairement dans le second tome, au moins aussi long et que j’espère plus affriolant en ce qui concerne les rebondissements et avancées scénaristiques. S’il a constitué une équipée de choc, l’auteur doit encore convaincre le lecteur de l’intérêt de son récit.