J'ai découvert Hervé Le Corre avec "L'homme aux lèvres de saphir", un roman situé en 1870 dans lequel l'auteur faisait preuve d'un style remarquable, doté d'un vocabulaire très riche, à base d'argot et de mots anciens.
Avec "Prendre les loups pour des chiens" (les titres, apparemment, c'est pas trop son truc à Le Corre), on assiste à un changement de registre complet : il s'agit d'un roman noir contemporain, et le style d'écriture s'en trouve asséché, plus direct et moins luxuriant, mais pas forcément moins efficace.
L'écrivain excelle dans la création de personnages à la marge, des anti-héros mi-chiens, mi-loups - à l'image de l'ex-taulard à fleur de peau ou de la bombasse paumée et vénéneuse - qui tentent de se débattre dans le cadre poisseux d'un été caniculaire dans une campagne pourrie du sud-ouest.
A l'arrivée, un roman coup de poing à la violence sèche omniprésente, dont l'atmosphère lourde et malsaine prime clairement sur l'intrigue - assez simple en dépit de quelques rebondissements sur la fin.
Le choix d'un dénouement très ouvert reste quand même frustrant, comme s'il manquait un ou deux chapitres pour finir le bouquin.