Un été adolescent.
Un été, une ville paumée des Etats-Unis où les rues principales ont les noms de grandes villes, renforçant le côté "trou du cul du monde" qui rêve d'ailleurs. Fin du lycée. Diplôme en poche. Trois...
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le 12 oct. 2014
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Avec ce roman, on découvre Daniel Price, dix-huit ans, vivant dans le quartier prolétaire d'East Chicago. A cet âge où l'avenir peut se trouver bouleversé à la moindre décision, le jeune homme découvre pour la première fois l'amour en la personne de Rachel.
Ce qui ne pourrait être qu'un énième roman initiatique américain, se sublime sous la plume de Steve Tesich en un torrent d'émotion qui ne pourra que vous bouleverser. Le livre ne cesse de se couvrir de multiples strates, de la légèreté de la découverte amoureuse à la passion destructrice, en passant par l'évocation des espoirs perdus par les adultes mais qui pourtant ne peuvent être délaissés par les enfants.
Portrait d'un âge charnière, chronique sociale, mais aussi déchirante évocation de ce qui est enfoui lorsque nous quittons cette adolescence, Price est un livre qui vous happe de la première à la dernière ligne, et dont nombre de phrases résonnent en vous avec une acuité inouïe. Ce texte est parcouru d'un tel désir de vie, que même les plus douloureux événements ne peuvent en altérer l'énergie.
Apparaît alors comme une évidence que Daniel Price est désormais un de nos compagnons de vie au même titre que les protagonistes de Sous le règne de Bone de Russel Banks ou Le seigneur des porcheries de Tristan Egolf.
«J'essayai de passer devant lui mais il m'agrippa par le poignet. J'eus un frisson. Sa main était froide. Si froide.
-N'espère jamais, me dit-il. Promets-moi de ne jamais espérer.
-D'accord, père.
-Tu me le promets?
-Je te le promets.
-Jamais?
-Jamais, jurai-je.
-ça pourrait te tuer, dit-il.
-Je reviens tout de suite. Je vais juste chercher du lait.»
Il ne lâchait pas mon poignet. Il semblait s'y cramponner, essayer de m'attirer sur ses genoux. Je résistai. Je commençais à me sentir aussi glacé que la main qui me retenait. Je ne savais pas comment me dégager sans le blesser. Alors j'attendais qu'il se fatigue, qu'il desserre son emprise. Mais il tenait bon. Le petit homme tenait bon.»
Bruno
Créée
le 23 août 2018
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