La chute d'un homme est d'autant plus vertigineuse quand elle se produit à partir du point le plus haut. Que l'on pardonne ce truisme mais Prince d'orchestre parle bien de cela : de la gloire à l'oubli, il n'y a souvent qu'un (faux) pas. Il est très antipathique le héros de Metin Arditi. Chef d'orchestre qui n'aime pas son "métier", imbu de lui même, arrogant, vaniteux, méprisant pour ceux qui ne sont pas à la hauteur de son art. Un grain de sable et tout se détraque. Adieu veaux, vaches, concerts. Le romancier suisse, s'il humanise quelque peu son personnage dans son déclin, n'en fait pas pour autant un saint. Le portrait psychologique est fin, comme toujours chez l'auteur, et la moindre de ses réactions analysée avec une acuité remarquable. En contrepoint, Arditi décrit l'entourage du chef d'orchestre déchu avec maestria et lui fait rencontrer des personnages attachants, deux lesbiennes et un homme au chevet de son fils dans le coma, par exemple, dont la bonté le sauveront peut-être. Le livre va tout droit vers un final tragique mais entretemps il s'aventure dans des zones inattendues comme le monde du jeu, sans jamais perdre de vue l'essentiel, le coeur de son matériau narratif. La maîtrise avec laquelle Metin Arditi conduit son roman est irrésistible et époustouflante. Une symphonie menée rapido con brio. Qui s'achève en marche funèbre.

Cinephile-doux
8
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le 18 janv. 2017

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