Si tu pensais que les pères avaient un métier classique genre médecin, avocat ou plombier, Profession du père de Sorj Chalandon est là pour te rappeler que certains exercent des professions plus… imaginaires.
On suit Émile, un gamin qui grandit sous l’ombre écrasante d’un père mégalo, tyrannique et totalement perché. Agent secret, proche de De Gaulle, ancien de l’OAS, confident de légendes, ce père a tout vécu (en tout cas, dans sa tête). Mais derrière ses histoires rocambolesques se cache un homme violent, imprévisible, qui façonne son fils à coups de terreur et de récits fantasques.
Le gros point fort ? Chalandon sait raconter la douleur avec une plume d’une justesse implacable. C’est cruel et absurde à la fois, tragique mais jamais larmoyant, et la frontière entre folie et réalité est aussi fine qu’un fil de rasoir. On oscille entre rire nerveux et malaise profond, tant l’horreur du quotidien d’Émile est banalisée sous des dehors d’aventure fantasmée.
Le hic ? C’est dur. Le ton reste souvent distancié, ce qui peut amplifier encore plus le malaise. Et si tu t’attends à une rédemption ou un retournement positif, passe ton chemin : ce livre, c’est surtout un portrait glaçant d’un père tyrannique et d’un fils qui tente de survivre à ses délires.
Bref, Profession du père, c’est un roman aussi puissant que perturbant, une autopsie familiale entre manipulation et terreur, et un récit qui te marque au fer rouge. Un livre qu’on ne referme pas vraiment, car il continue de résonner longtemps après.