C’est un roman très personnel que nous livre Sorj Chalandon avec Profession du père. La recherche d’une reconnaissance paternelle, un amour démesuré, la tristesse et l’incompréhension d’un enfant face à la maladie et à la folie d’un homme. Autant de thèmes, terribles mais habilement portés par une écriture fine et précise, souvent poétique.
Le début, marqué par la démesure du père et son comportement condamnable rendent parfois difficile la lecture du roman, le lecteur étant tour à tour témoin et complice du calvaire familial vécu dans ce petit foyer. Un huis clos familial souvent étouffant, qui s’installe progressivement et qui révolte aussi parce qu’il est raconté du point de vue de l’enfant qui le vit.
En réalité, le roman prend une nouvelle dimension sur sa fin, lorsque le petit Emile grandit pour devenir l’alter ego de son auteur. Une distance bienvenue, salutaire, qui replace les éléments dans un contexte d’analyse et redonne au lecteur sa juste place.
C’est pour cette fin, puissante et riche, que le roman prend toute sa saveur ; finalement, comme souvent chez Sorj Chalandon, quand l’adulte parle au lecteur et à ce petit garçon qu’il incarnait.
L’oeuvre évoque en réalité une quête perpétuelle d’amour, et interroge sur ce qui fait de nous des êtres humains : le rêve, l’ambition, la crainte, le rapport à l’autre, la solitude ?
Un roman terrible, percutant, qui vaut pour la dimension personnelle que lui confère l’auteur mais qui laisse le lecteur souvent révolté face aux mots et à la folie d’un homme.
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