Propaganda par MrShepard

Même si j'en garde finalement un ressenti assez mitigé j'estime quand même que ce livre est à lire vu le contexte social et sociétal actuel. Ça pourrait peut être faire reconsidérer le principe de démocratie et de libéralisme et faire entrevoir leurs limites à pas mal de gens qui idéalisent un peu trop ces concepts. Dans ce livre Bernays nous dit à la fin des années 1920 que pour faire passer et accepter des idées et des mesures au plus grand nombre tout le monde est contraint de passer par une forme de "propagande" et par de la politique. Et que ça passe par exploiter tous les canaux de diffusion médiatiques à grandes échelles (à l'époque c'était beaucoup la radio, les prospectus, les meetings, et pas encore la télévision...) Edward Bernays considère la propagande comme un simple moyen pour faire connaître des idées et que celle-ci n'est pas malveillante par essence. Il dit que la connotation péjorative du terme est arrivée avec le temps et que c'est se fourvoyer à son égard. Tout le point de controverse dans l'idée de propagande se situe au fond selon le distinguo "convaincre la masse" et la "manipuler". Chacun aura son opinion en l'état.

Dans un premier temps il défendra la légitimité de la propagande en relatant des faits où cette dernière a servi à faire avancer des causes nobles, et sur ce point je dois reconnaître que ça m'a convaincu. Il rappelle aussi que la propagande n'est pas à l'abris de tomber entre de mauvaises mains, c'est à dire entre les mains de gens corrompus et mal intentionnés. Enfin, il le dit vite-fait dans son bouquin et à demi-mot. Dans l'ensemble je ne peux m'empêcher de penser qu'il émane de ce Propaganda une fausse naïveté qui arrange bien son auteur. Car évidemment, c'est un essai pleinement "hagiographique" en ce qui concerne la fonction de "conseiller en relations publiques" que le gus exercera très, très longtemps. On tiquera quand il dit qu'un homme qui exerce ce métier est un homme mort professionnellement parlant s'il accepte de vendre et de faire l'éloge d'un produit frauduleux, d'un client malhonnête ou bien d'une cause jugée anti-sociale... C'est passer sous silence le panier de crabes qu'est le monde des affaires régit par le capitalisme et le profit à outrance, c'est garder ses oeillères sur comment fonctionne une montée et une accession au pouvoir, c'est un peu beaucoup faire le mec tombé de la dernière pluie... Si je suis d'accord avec lui quand il dit qu'une bonne partie du peuple n'a pas les prédispositions pour se forger une opinion valable par elle-même et qu'elle a besoin d'être guidée et orientée dans l'intérêt du bien commun sur les questions les plus importantes qui demandent une vraie expertise... Le problème c'est qu'on sait tous que le "bien commun" c'est surtout celui des élites et des classes dominantes qui ont tout intérêt à maintenir un statu quo une fois arrivées au pouvoir. On sait que la corruption est une norme politique et gouvernemental auquel il est difficile de se soustraire sitôt on veut accéder aux hautes sphères du pouvoir. EB n'évoquera pas trop l'idée de conflit d'intérêt, et un peu trop celui de l'anecdote.

Donc je suis contrasté entre une transparence honnête, un certain élitisme assumé car jugé necessaire et une opacité franchement évidente dans son discours... ça reste un livre qui tourne pas mal en rond, qui ressasse beaucoup trop ses idées (comme une manière de se persuader soi-même) et dont on apprendra au fond pas grand chose de neuf. Et si en plus on apprend que toute la thèse du bonhomme est en bonne partie influencée par le psychanalysme Freudien (qui est une pseudo science), forcément, ça peut laisser très sceptique...Mais ça l'est aussi par La psychologie des foules du sociologue et psychologue Gustave Le bon donc bon...

Mais comme ce qu'il dit de pertinent ne met déjà pas tout le monde d'accord...