La grâce de l'alchimiste
Ce qui explique le succès de Fred Vargas, ce n'est pas seulement le talent de l'auteure, c'est aussi son originalité dans un genre, le roman policier, qui permet toutes les audaces, et puis, et...
le 18 mai 2017
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Ce qui explique le succès de Fred Vargas, ce n'est pas seulement le talent de l'auteure, c'est aussi son originalité dans un genre, le roman policier, qui permet toutes les audaces, et puis, et peut-être surtout, ce don d'alchimiste à faire entrer dans la composition de ses livres des ingrédients parmi les plus hétéroclites. Quoi qu'il en soit, dès la première page d'un de ses romans, il n'y a pas de doute quand à l'identité de celui (celle) qui écrit. Comme Modiano, par exemple, dans un style radicalement différent. Inutile de trop s'attarder sur la trame purement policière de Quand sort la recluse, elle est irréelle et invraisemblable mais de cela on se fiche un peu. Il suffit d'un mot : "recluse" pour que Vargas parte aussi bien sur la trace des emmurées médiévales que sur celle des araignées farouches et a priori peu dangereuses qui portent ce nom. Prétexte pour que l'érudition de la romancière se déploie mais sans afféterie ni prétention, avec une élégance pertinente et impertinente, une sorte de grâce éloquente dans l'amour des mots. A cela, et à toutes les digressions que nous offre Vargas, s'ajoute évidemment le portrait subtil et sensible d'un homme, le commissaire Adamsberg, un peu chahuté ici, avec des réminiscences d'enfance, des émanations gazeuses qui brouillent sa pensée et des conflits dans sa propre équipe. Les morts s'accumulent, l'enquête piétine, Adamsberg se contracte mais tant que le chat du commissariat ronronne sur le photocopieur et que les bébés merles sont nourris, l'équilibre du monde n'est pas menacé. Il y a comme toujours chez l'auteure une foule de détails drolatiques, des dialogues absurdes à foison et un humanisme, car tout est là, finalement, qui ne fait jamais défaut. En d'autres mains, Quand sort la recluse aurait été un salmigondis illisible. Dans celles de Fred Vargas, on ne retient que l'indicible grâce de l'alchimiste.
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le 18 mai 2017
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