« Les enfants de toute l'Amérique avaient le Croquemitaine pour raconter des histoires qui font peur, à Carson Mills, ils avaient Jon Petersen. »
Avec que Ta volonté soit faite, Maxime Chattam nous propose le récit de vie d’un psychopathe qui sème le trouble dans une petite ville du midwest américain.
J’ai pu découvrir avec ce thriller la belle plume de Maxime Chattam.
Il est indéniablement le roi de la description et parvient avec brio à nous plonger dans un univers sombre et très glauque avec le protagoniste, Jon Petersen, qui est l’incarnation du Mal. Ainsi, tous les éléments qui le composent sont dépeints : la violence, la colère, la haine et la perversité.
C’est avec succès que l’auteur réussit à nous présenter toute la force de la pulsion perverse du personnage. On ne peut s'empêcher de ressentir l’angoisse et l’horreur de ses victimes. Mais on ne cesse au fil du livre d'être toujours plus surpris par la monstruosité du personnage car comme le dit Shakespeare dans Macbeth, « ce qui commence dans le Mal s’affermit par le Mal ».
Et surtout sans spolier, on ne regardera plus les coquelicots de la même manière…
Il faut ajouter que le titre du roman est finement bien choisi. Il renvoie à la division religieuse entre luthérien et méthodiste, clivage très présent dans le midwest américain des années 1960, qui s'inscrit au cœur du récit.
Même si la critique est aisée et l'art est difficile, je me permets de faire quelques remarques.
Alors je conseillerais aux âmes sensibles de s’abstenir de cette lecture car l’auteur présente avec précision les pires sévices (meurtre, viol, etc.) et qu’il n’y a pas une once d’humour et de joie. Face à autant d’horreur, le lecteur ressent un malaise constant, ce qui peut être dérangeant si vous n’êtes pas habitué à ce genre littéraire. Au départ, j’éprouvais de la gêne qui ne s’est pas dissipée mais on se laisse vite happer par une forme de curiosité morbide.
De plus, j’aurais préféré connaître l’identité du narrateur (même si on peut émettre quelques hypothèses).
Et sans rien dévoiler, la fin du récit est imprévisible et originale. Mais l’auteur part dans quelques errances philosophiques et il prend une posture de moralisateur qui ne m’a pas séduite.
Néanmoins, le fait de suivre de la naissance jusqu’à son activité criminelle un psychopathe est une excellente idée qui est magnifiée par la qualité de l’écriture de Maxime Chattam.