Que ta volonté soit faite par Jean Sairien
Très déçu par « La patience du Diable », prolongement inutile et artificiel de l’excellent opus « La conjuration primitive », j’espérais ardemment que Maxime Chattam effacerait ce mauvais souvenir avec son nouveau récit. J’espérais tout autant qu’il délaisserait la brochette de policiers caricaturaux imposée dans ses deux derniers romans. Car si les qualités de « La Conjuration Primitive » suffisaient à dissimuler la faiblesse de la caractérisation psychologique des protagonistes, « La patience du Diable » en révélait clairement les limites. J’en venais malheureusement à redouter une bonne vieille trilogie qui se termine en eau de boudin.
Mais il n’en est rien (du moins, pour l’instant…) ! Mes vœux ont été exaucés. Dès le titre, d’ailleurs… « Que ta volonté soit faite ». Un très bon cru qui m’a vraiment plu !
Et ce n’était pas forcément gagné ! Car avouons que le concept n’a rien de très novateur. Une petite ville paumée, terrorisée par les macabres tribulations d’un psychopathe dont le valeureux lecteur suit, impuissant, le parcours meurtrier ; ce n’est pas franchement un postulat très original. Mais c’était sans compter le talent de Maxime Chattam. S’il conserve son thème fétiche, cette exploration incisive du Mal, l’auteur nous offre une approche franchement intéressante. Un changement dans la continuité qui délivre une œuvre sombre, brutale, surprenante. Maîtrisée.
Sous le scénario a priori convenu se dissimule en effet une machinerie qui ne manque pas d’atouts. Une construction narrative originale, portée par un narrateur qui questionne directement le lecteur, ses convictions, ses certitudes. Un rythme maîtrisé, qui distille sous la forme d’un puzzle les différents pans de l’histoire. Des personnages assez convenus (cela dit, les livres de Chattam m’ont rarement enthousiasmé pour l’épaisseur psychologique de leurs héros) mais qui offrent toutefois une diversité qui évite la routine et qui sert le propos sans anicroche particulière. Un style toujours aussi fluide et très en phase avec la noirceur de l’histoire. Une ambiance particulièrement sombre, qui n’épargne aucun détail, qui n’édulcore aucunement la violence, parfois gratuite, de ses personnages.
Et, surtout, une fin vraiment très originale. Sans doute le vrai coup de génie de ce nouveau roman. Un épilogue si habilement mené qu’il justifie, à lui seul, la lecture du récit.
Avec « Que ta volonté soit faite », Maxime Chattam revient donc en grande forme. Vivement le prochain !