Dans l'interview accordée à Lire magazine, Hervé Le Corre parle de Qui après nous vivrez comme d'un roman sur l'amour humain avant d'être une œuvre post-apocalyptique, avec "des personnages qui survivent et se tiennent debout calés les uns contre les autres." Cette humanité, on la retrouve principalement dans les relations entre les mères et les filles, sur plusieurs générations : Rebecca, Alice, Nour, Clara. A vrai dire, cette tendresse et solidarité féminine est l'ingrédient nécessaire pour ne pas sombrer dans la noirceur la plus totale, alors que la civilisation, qui n'en mérite plus le nom, sombre et régresse dans la deuxième moitié du XXIe siècle et les 50 années qui suivent. Qui après nous vivrez nous raconte un monde aux allures féodales où les êtres reviennent à une sorte d'état sauvage, dans une fuite sans cesse renouvelée vers des lieux susceptibles d'être plus hospitaliers, puisque l'espoir fait ... survivre. Ce roman post-apocalytrip en rappelle bien d'autres du même acabit et si le lecteur peut apprécier le style réaliste et parfois poétique de l'auteur, il a parfois l'impression que les situations se suivent et se ressemblent, notamment les exactions les plus atroces, les violences faites aux femmes y tenant le premier rôle. La construction, avec ses trois récits qui progressent en différents temps, en alternance, ne facilite pas la tâche et il faut parfois, en début de chapitre, s'interroger pour reconnaître l'époque dans laquelle se situe l'action. Qui après nous vivrez est un roman puissant, on ne peut lui enlever son caractère, d'une violence parfois insoutenable et qui ne donne guère d'espérance sur l'état du monde à venir, tout en fustigeant, mais sans trop de lourdeur, celui dans lequel nous vivons aujourd'hui et qui court à sa perte, dans une inconscience et un égoïsme forcenés. Qui après nous lirez, préparez-vous à vivre une expérience susceptible de perturber, voire de traumatiser.