Récits de la Kolyma par Yaz
Varlam Chalamov raconte ici ses années passées au coeur d'un camp de concentration soviétique, en pleine taïga.
En se débarrassant de la puissance des mots, de leur aura et de leur influence, il tente ici de décrire âprement des facettes du quotidien qui régit l'intérieur du camp.
Anti-roman, tel que décrit par lui-même, ces récits évoquent "l'école négative de la vie à l'air pur" ; une mécanique d'aliénation par la répétition. Les situations se ressemblent, les priorités aussi.
Il n'est pas question ici d'évoquer une quelconque déshumanisation. Tout y est parfaitement accessible et palpable. Sauf peut-être ce froid, ce gel qui amenuise invariablement toute puissance vitale alentour : la végétation, tout comme les corps et les esprits.
Ces récits ne sont pas non plus un manuel de survie. Varlam Chalamov est mort probablement plusieurs fois durant ces dix-sept années de détention. Celui qui a écrit ces mots n'était déjà plus véritablement du nombre des vivants.
En vrai livre de chevet, je n'ai jamais terminé de le lire, mais j'y reviens très régulièrement, relisant encore et toujours les mêmes chapitres, les mêmes passages. M'imprégnant chaque fois un peu plus de ce chef d'oeuvre triste et sans folie, mais nécessaire.
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