Le début nous livre l'intrigue à la façon d'un chœur théâtral : la tragédie est en place en un paragraphe, et d'emblée elle se place sous le signe d'une intrusion dans la banalité.
On peut voir dès cette ouverture le talent de Carson McCullers, déjà à l'œuvre dans Le coeur est un chasseur solitaire. Comme dans son précédent roman, sous les premiers abords la réalité des être va se dévoiler. Plus besoin d'un muet auquel on se confie, toutefois, comme centre d'une intrigue vers lequel tout converge comme les rayons d'une roue, car les lieux comme le temps sont ici bien plus resserrés.
Dès le début, les personnages sont étranges. Ils obéissent à des pulsions à cause de leur nature qu'ils camouflent la plupart du temps. Les explications psychanalytiques de l'auteure ne lève heureusement pas entièrement le voile de mystère qui se cache sous ce titre, encore une fois, tout à fait énigmatique. Pourtant, la réalité sociale du camp militaire n'est pas occultée, loin de là. Mais les grades sont comme des rôles à jouer, pour lesquels la personnalité des acteurs prendraient soudain le dessus.
Du début à la fin nous sommes plongés dans une atmosphère étrange, désespérée. Les réactions des personnages y sont toujours extrêmes, comme s'ils étaient sous tension en permanence. L'écriture est aussi nerveuse et ramassée que l'intrigue.
Le livre a choqué à sa sortie. Aujourd'hui il a perdu ce pouvoir, mais pas celui de fasciner.