[Avis très général concernant la trilogie complète de Pan, à savoir : Colline, Un de Baumugnes, et le ci-présent Regain.]
L'écriture de Giono, parfois absconse, peut rebuter. J'en ai fait l'expérience au début de Colline et au début de Regain. Mais une fois passées les quelques premières pages, on s'habitue et l'on peut savourer l'oeuvre comme il se doit.
Un de Baumugnes se démarque un peu des autres en ceci que ses personnages ne sont que des êtres humains, à ce qu'il me semble, ce qui nous touche d'autant plus dans cette magnifique histoire.
Le titre, Pan, montre bien l'intention présupposée de faire l'éloge de la nature, particulièrement réussi pour le premier et le troisième tome, dans lesquels la colline, les champs, les blés, le soleil, le vent, tous les éléments, les animaux, sont des personnages à part entière avec leurs actions, leurs péripéties, leurs destinées propres. En vérité, chez Giono, nature et homme se nourrissent l'un l'autre, s'abreuvent, se permettent mutuellement de s'épanouir, comme une danse entre le dieu des hommes et le dieu des arbres.
Une danse, c'est le mot ; l'on croirait une farandole dans laquelle Pan et Zeus se tiendraient par la main en tourbillonnant, à la gloire de la vie ; seulement, après qu'on a fini de danser, on boit un coup et on écoute le silence au coin du feu.
J'éprouve une grande tendresse pour Jean Giono, son style franc, simple, oral - paysan, en somme -, transcende son oeuvre ; et, paradoxalement, par sa phrase, il montre la grande éloquence du silence : le silence méditatif de Janet dans Colline, le silence ruminant de la famille de Baumugnes, le silence paisible de Panturle dans Regain, au-dessus desquels plane le silence démiurge de la nature, qui fait résider le plus beau de toute l'oeuvre non pas dans ce qui est dit, mais dans ce qui est esquissé, ce qui est tu.