Remise de peine par Zitto
Dans ce livre autobiographique (comme la plupart, avec des variations d'intensité), Modiano s'attache à une période de son enfance, où avec son frère il est confié à des amies de sa mère dans une maison de banlieue, la mère étant partie en tournée théâtrale, et le père poursuivant ses affaires à Brazzaville.
Le jeune narrateur décrit une une vie à la fois routinière et erratique, peuplée de personnages récurrents mais dont les activités demeurent mystérieuses, parfois inquiétantes. On le comprend à plusieurs reprises quand il est question de la bande de la rue Lauriston, omniprésente dans l'œuvre de Modiano – le siège de la Gestapo française - qui représente la face sombre son univers romanesque.
Le climat du livre est l'une des plus grandes réussites. Il ne s'y passe pas grand-chose, mais une atmosphère d'angoisse larvée, de menace souterraine affleure en permanence. Dans son style allusif, Modiano parvient à transmettre le trouble profond de l'enfant qu'il était, qui ressent de manière diffuse les menaces qui pèsent sur l'univers confiné dans lequel lui et son frère sont plongés, délaissés par leurs parents, jusqu'à la révélation finale.
Remise de peine apparait comme une amorce d'Un Pedigree, sans en avoir la force ni l'ampleur, étant focalisé sur un aspect très ténu de la jeunesse de l'auteur, qui ne peut déployer la même sophistication dans le récit et la même richesse d'évocation.