Quel est l’esprit malin qui m’a poussé à lire ce livre ?
Complètement saturé par le précédant – deux mois pour en venir à bout – il me fallait faire une « retraite paisible » … et voilà que deux de mes éclaireuses me l’offrait, admiratives et enthousiastes, sur un plateau !
Moi qui me réclame du féminisme, qu’est-ce qui m’a pris de foncer tête baisser sur le bouquin d’une "nana", Maureen Wingrove alias Diglee, dessinatrice de bandes dessinées, illustratrice et autrice (membre d’un Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme), complètement irrationnelle, persuadée de communiquer avec les défunts, tireuse de Tarot, convaincue des vertus du thème astral et de l’astrologie… (*)
C’est là où ne va pas ! Je suis d’un matérialisme maladif, pas du tout plongé dans l’introspection. Dans ma jeunesse, par jeu, un test de caractérologie m’avait qualifié de « Actif exubérant », c’est tout dire. Ma femme me reproche bien assez de ne pas savoir lui dire que je l’aime, tout ce que je sais faire c’est de le lui prouver par des actes…
Alors là je suis quasiment imperméable aux états d’âme de l’autrice-narratrice… et très agacé à chaque allusion ésotérique, je voudrais bien la laisser croire à ce qui lui plait, mais c’est au-delà de mon pouvoir.
Je suis donc resté sur la touche, impossible de m’identifier, moi qui souhaitais également une retraite reconstituante, je n’ai pu que compatir à son désarroi devant la maladie de son beau-père : « Nous pleurons un disparu qui vit sous nos yeux. C’est une mort sans cadavre […] C’était ce père d’adoption tant aimé qui désertait brutalement notre lien et me laissait seule, main tendue face au vide. »
Et le dernier jour de sa retraite dans une abbaye bretonne, elle a beau justifier la réussite et les bienfaits de son séjour loin du monde : « C’est comme quitter une chrysalide. Une peau. Une écorce. Je laisse derrière moi des brisures de coquillages et des douleurs guéries », permettez-moi d’avoir un doute, et de pleurer sur mon sort car l’handicapé que je suis n’en a tiré aucun profit. Hélas !
(*) J’avais préparé tout un laïus sur l’astrologie, la relayant au rang de chimère, qui n’a de valeur que pour ceux qui y croient. Mais, réflexion faite, c’est bien comme ça.