Alors oui c'est bien écrit, c'est tout ce qu'on veut, sensible, psychologue, délicat, romantique, mais Henry James, comme tous les américains dès qu'ils s'approchent de l'Italie, ne résiste pas à l'avalanche de clichés.


Au premier degré, les lieux et les œuvres d'art rencontrées sont toutes à couper le souffle, abandonnées au regard du voyageur courageux qui ne manquera pas d'aérer son récit par d'ampoulées descriptions de sa communion intime sur le mode de l'extase face à ces chefs-d’œuvre. Au degré suivant, on trouve les personnages autochtones. Les femmes sont mystérieuses, jamais belles, mais pleines de charmes et suscitent l'intérêt subit, voire l'amour du héros. Ce sont toutes des coquettes, rouées à l'art de l'amour et complètement soumises à leurs hommes et aux conventions, à rebours de l'Angleterrerie libérale. Les hommes sont en général des faire-valoir, du niveau du violoniste dans le dessin animé La belle et le clochard. Enfin, le dernier degré de l'édifice, ce sont les personnages anglo-saxons. Il faut lire les description des Anglais et des Américains rencontrés par le héros dans ses périples. Nous est servi un psychologisme rance à grand renfort de visages aux traits décidés, volontaires, traduisant une énergie et une simplicité, et que je t'échange des poignées de mains simples mais émouvantes, qui traduisent le raffinement et l'exactitude des sentiments de ces gens. Même quand le père américain de la femme convoitée est un industriel un peu vulgaire, sa curiosité, son énergie et la perfection de ses humeurs produit des lignes d'éloges par le narrateur.


Le tableau est enfin de compte simple : des personnages incarnant la quintessence de l'idéal civilisationnel Anglo-américain se promènent au milieu des ruines humaines et patrimoniales d'une Italie endormie. Exactement comme dans ces films de l'âge d'or d'Hollywood où les locaux servent de toile de fond exotiques à de gaillards blondins venus en Europe vivre les déniaisements de la jeunesse, ressentant le frisson de la proximité de la canaille.

Fabrizio_Salina
5
Écrit par

Créée

le 27 oct. 2017

Critique lue 379 fois

2 j'aime

Fabrizio_Salina

Écrit par

Critique lue 379 fois

2

D'autres avis sur Retour à Florence

Retour à Florence
BibliOrnitho
10

Critique de Retour à Florence par BibliOrnitho

Un homme âgé de 52 ans revient à Florence, ville dans laquelle il tomba éperdument amoureux d'une jeune et belle comtesse vingt-sept ans plus tôt. Il renoue avec son passé, visite à nouveau les lieux...

le 26 juin 2012

2 j'aime

Du même critique

007 Spectre
Fabrizio_Salina
4

Critique de 007 Spectre par Fabrizio_Salina

Si vous lisez cette critique c'est que probablement, je suis votre éclaireur au premier degré, ou indirectement par transitivité de l'éclairement. Un éclaireur, c'est ce petit gars à cheval dans age...

le 30 oct. 2015

41 j'aime

8

Bonjour Tristesse
Fabrizio_Salina
2

Gestion du débit salivaire

Ce qui aurait du rester un exercice de jeune comédien s'est malheureusement retrouvé publié à intervalle régulier sur le site de streaming numéro 1. La forme est simple : un torrent de phrases...

le 21 mars 2015

36 j'aime

12

L'Ingénu
Fabrizio_Salina
4

Nique sa mere l'ironie

Voltaire raaah putain Voltaire. Ce gueux qui a passé sa vie à frapper le fond pour soulever la vase des esprits nous a légué sa fucking ironie. Elle est partout, dans toutes les conversations, tous...

le 27 nov. 2014

33 j'aime

13