Retour à la nuit apparaît comme un roman très visuel prenant son temps pour installer l'atmosphère.

On suit ainsi l'histoire d'Antoine, un type au passé chargé, à la jeunesse fracassée suite à un épisode traumatisant dont il garde les cicatrices sur tous le corps.
Nuit après nuit, durant ses longues veilles, dans ce foyer où il travaille, Antoine prend le lecteur à témoin. Il lui confie ses pensées, le fruit de ses cogitations nocturnes, car la nuit, les barrières tombent.
Travaillant auprès d'adolescents à problèmes, une jeunesse en souffrance comme on dit pudiquement, Antoine perçoit dans ces jeunes comme un écho à ses propres problèmes. Il éprouve une empathie qui le trouble et qu'il essaie de canaliser.
Puis, peu à peu, le passé resurgit. Le compte-rendu d'une affaire judiciaire entrevue à la télé dans une émission jouant avec le sensationnalisme. Un meurtre dans lequel Antoine croit reconnaître une ressemblance avec son traumatisme. Et la machine molle s'emballe... Car la nuit, les barrières tombent...

Je ne peux m'empêcher de considérer Retour à la nuit comme une réussite. Eric Maneval tisse une atmosphère d'étrangeté vénéneuse, distillant l'angoisse au fil des réminiscences d'Antoine, de ses craintes et de la fausseté de son assurance d'adulte.
Il floute les contours de son passé, introduisant progressivement le doute sur ses origines et sur la stabilité de son esprit. Et à la fin, on ne sait plus. Machination ? Fantasme ? Bien malin qui pourra dénouer les fils. Mais peu importe, les impressions demeurent. Intenses. En somme, la marque d'un grand auteur...
leleul
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le 26 oct. 2012

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Retour à la nuit
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