Bonjour à tous,

Aldous Huxley a écrit ce livre en 1946, soit 15 ans après son "Meilleur des Mondes". Il l'écrivit car il se rendit compte que son roman d'anticipation se rapprochait un tant soit peu de la réalité et il voulait une mise au point.
Huxley nous montre ici une étude de la société contemporaine (fin des années 50) au travers de l'anticipation qu'il en avait faite dans son roman précédent, publié en 1931. Il constate avec stupeur, effarement et crainte que sa fable n'en était finalement pas une et que notre monde et nos sociétés occidentales se dirigent vers ce genre de "dénaturisation" en masse où tous les individus sont égaux, semblables et dès lors interchangeables pour le plus grand profit d'une très petite quantité d'individus qui contrôlent tout cela. sans en tirer un profit spectaculaire, car eux-mêmes sont coincés dans des carcans de conventions, d'habitudes et d'obligations sociales. Huxley décortique avec soin la manière dont la société évolue et il apparaît clairement que cela tend vers une non-liberté absolue. ce qui est contraire à tout principe de nature humaine.
Il rejoint en ce sens plusieurs idées nietzschéennes qui prônent elles aussi l'individualisme comme étant la seule solution, le seul espoir pour que l'homme puisse évoluer et atteindre un niveau supérieur....

Aldous Huxley examine dans ce petit ouvrage la progression du délitement social par la domination de tous par le petit nombre: les Grosses Affaires et les Gros Pouvoirs.

De plus en plus, ceux qui savent exploiter les failles de l'être humain parviennent à manipuler et réduire les masses à la servitude... cela vous rappelle-t-il quelque chose?

L'homme se sent libre (la liberté, c'est ce qui fait que souvent un être humain est un homme) car il évolue, en Occident, dans une mascarade de démocratie. Malgré toutes les apparences, la maîtrise scientifique et les contingences de l'évolution du Monde (surpopulation et diminution des richesses par habitant conduisent à toujours plus d'organisation) limitent cette liberté a reductio.

Parfois très dense, parfois daté (les techniques de domination ont évolué) ce petit livre permet cependant d'ouvrir les yeux sur la finalité de l'oligarchie qui nous domine, non pas par idéal, pour imposer le bonheur à l'Homme, mais pour son seul profit.

J'avais bien aimé la lecture du Meilleur des mondes, mais j'avais toutefois privilégié le fond sur la forme, les idées sur la fiction.
En effet, la plupart des idées mises en avant dans cet ouvrage avaient eu la facheuse tendance à se concrétiser quelques années plus tard dans notre propre société.

Aldous Huxley avait déjà du s'en rendre compte 15 ans après la rédaction de son ouvrage, car il écrivit "Retour au meilleur des mondes", afin de pouvoir développer ces mêmes idées, et mettre en garde ses contemporains vis-à-vis de la tournure que prenait la société à son époque, message de mise en garde resté vain, si on constate l'ampleur des dégats en ce début de XXIème siècle.

Dans Retour au meilleur des mondes, Aldous Huxley va ainsi traiter de :
- la surpopulation mondiale et les interventions humaines pour influer sur sa démographie
- le passage au "tout collectif", privant chacun de sa part d'individualisme
- les plaisirs artificiels (dénommés "soma" dans le meilleur des mondes)
- la propagande et la manipulation des masses, avec leurs possibilités commerciales, politiques, ...
- la soumission des populations passant les plaisirs artificiels mis à disposition, et prédisposant les hommes à fuir plutôt que de faire face à un problème, à accepter plus facilement ce qu'on leur suggère sous l'influence du stress ou du désintéressement (avec un petit passage par les méthodes subliminales toujours d'actualité)

Bref, un livre qui permet d'ouvrir les yeux sur des méthodes de contrôle de la société qu'Aldous Huxley avait déjà discerné à son époque, et qui n'ont fait que s'accroître jusqu'à nos jours.

Comme le cite à juste titre Aldous Huxley dans son livre, les bouddhistes affirment que la plupart des hommes traversent leur vie dans un état léthargique, de demi-sommeil, et il semble effectivement que notre société tend à nous maintenir ainsi par tous les moyens, malgré nos rares vélléités pour nous réveiller ....

eh oui mon pauvre Lucien, ou plutôt pauvre de nous, pauvre de l'homme qui ne se rend pas compte et qui ne se rendra jamais compte, tant bien faite est la manipulation de masse effectuée par le sommet dirigeant, que l'abêtissement est la solution rêvée du commandement et que l'abêtissement passe par Star machin et Loft bazar... Ainsi, comme tu le dis, tant que l'on donne au peuple des amusements simples et simplistes et un peu à manger, il sera satisfait et n’emmerdera pas ceux qui au-dessus de nous, bien au-dessus regardent tout cela d'un Ïil goguenard. Et le pire de tout, je trouve, le pire reste encore qu’à long terme, l’humain court à sa perte, car nulle race, quelle qu'elle soit, ne peut rester maître du monde sans intelligence, compréhension et entente. et quand tout cela s'écroulera, même le sommet s'effondrera sur cette basse base basique qu’il aura mis 6000 ans à conditionner….

Un livre qui impressionne encore, près d'un demi-siècle après sa parution, par l'exactitude de sa vision. Dès 1931, Huxley annonçait, sur le mode fictionnel de l'anti-utopie, les principaux fléaux qui guettaient l'homme du vingtième siècle. En 1958, dans ce petit essai, il remet son métier sur l'ouvrage, cette fois sur le mode didactique. Une guerre mondiale supplémentaire a aiguisé l'analyse. Une guerre où a failli trompher la pire des dictatures. Mais Huxley a déjà compris que ce n'est pas par la force - physique, militaire - que cherchera à s'imposer la prochaine : pour priver les êtres humains de leur liberté, elle visera rien moins qu'à leur donner l'amour de la servitude....

ce livre n'est pas un roman dystopique faisant suite au "Meilleur des mondes", mais un essai qui interroge les ressemblances entre la société occidentale de la fin des années 1950 ("Retour au meilleur des mondes" ayant été publié en 1958 en anglais) et la société décrite dans le best-seller d'Aldous Huxley paru un quart de siècle plus tôt. L'auteur est frappé par le fait que ce qu'il anticipait dans Le Meilleur des mondes se soit déjà en partie réalisé, alors qu'il imaginait que cette grande transformation se serait faite plus lentement. L'organisation devient totale, l'excès d'ordre détruit la liberté, l'initiative personnelle. Les individus standardisés perdent leur singularité. La croissance fulgurante de la population exerce une pression toujours plus forte sur les ressources disponibles et nécessite un gouvernement toujours plus autoritaire. "Le déferlement technique a conduit à la concentration du pouvoir économique et politique ainsi qu'au développement d'une société contrôlée par les Grosses Affaires et les Gros Gouvernements", écrit-il.
Et le pire, c'est que les hommes adaptés consentent. La ville devient une termitière peuplée d'automates obéissants et grégaires, "dans laquelle une vie humaine, enrichie de rapports personnels multiples et divers, est devenue pratiquement impossible". Les rouages passifs acceptent leur servitude, avalant des doses de bonheur industriel, de conformisme quotidien délivrées par les médias omniprésents, la pub aux techniques de persuasion toujours plus poussées, la consommation croissante, les tranquillisants qui éteignent les cris de révolte. Distraits en permanence, ils ont droit au cirque, aux feuilletons, au sport, et au pain industriel. Quand elle désire le confort, la population dépersonnalisée ne songe pas à la liberté, à l'indépendance, à la responsabilité : elle se satisfait de l'oligarchie en place tant que celle-ci lui fournit ses rations. C'est la grande différence entre 1984 et les analyses d'Huxley : l'ordre n'est pas imposé par la violence permanente, mais avec courtoisie, discrétion. Ce texte est d'une clairvoyance rare.....

Ce livre fait ressortir en nous un doute sur notre être, notre fonctionnement. Huxley a bien constaté que les neurosciences ne servent pas l'humain mais uniquement le système capitaliste par le biais de la suggestion et les messages subliminaux dont les publicitaires raffolent.
Arrêter de livrer vos enfants à la télé et autre joyeuseté du genre, il est temps d'arrêter de choisir la facilité !

Ce texte pose une question fondamentale :
"A une époque où la surpopulation s'accélère, où l'excès d'organisation s'accentue, où les moyens d'information à l'échelle planétaire deviennent sans cesse plus efficaces, comment pouvons-nous sauvegarder l'intégrité et réaffirmer la valeur de la personnalité humaine ?"

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce livre n'est pas une suite au "Meilleur des mondes", mais l'auto-analyse critique de son auteur plus de vingt ans après.

Surpopulation, propagande, lavage de cerveau, hypnopédie: tous les points abordés visent à expliquer au lecteur comment se construiront les dictatures du futur. L'auteur mentionne certaines "omissions" qui affectent quelque peu -avec le recul- la crédibilité de sa dystopie (la propagande subliminale, par exemple). Le plus souvent cependant, c'est l'effrayant caractère prophétique de son ouvrage que Huxley met en avant -à la fois pour tirer la sonnette d'alarme et pour vanter son propre talent (sans taxer Huxley de prétention ou d'élitisme -quoi que ce dernier terme serait certainement sujet à débats-, on ne peut manquer de remarquer l'insistance avec laquelle il compare le "1984" d'Orwell à son "Meilleur des mondes", soulignant combien ses prédictions à lui sont davantage "prophétiques" que celles de son "rival"). Huxley conclut son ouvrage en insistant sur l'importance de l'éducation des masses comme seule antidote à l'avènement des dictatures qu'il décrit - tâche dont il ne sous-estime par la difficulté.

Pour tous ceux qui comme moi ont été impressionés par "Le meilleur des mondes", cet ouvrage représente un investissement intéressant qui éclaire les réflexions d'un des penseurs les plus influents du siècle dernier...et de celui-ci.

Sur ce, portez vous bien. Tcho. Lisez ce livre. Lisez Huxley. C' est un génie. @ +.
ClementLeroy
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le 19 mars 2015

Critique lue 842 fois

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San  Bardamu

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